Le gouvernement américain a créé l’espoir mercredi en rapportant qu’un médicament naguère développé contre Ebola, le remdesivir, semblait avoir prise sur le nouveau coronavirus, et avait accéléré de plusieurs jours le rétablissement des cas les plus graves dans un grand essai clinique. C’est à ce jour la percée thérapeutique la plus notable contre le coronavirus, même si les résultats entiers n’ont pas encore été validés ni publiés.

Les Instituts de santé américains (NIH) ont annoncé que le médicament expérimental remdesivir du laboratoire américain Gilead avait aidé des malades hospitalisés à se rétablir 31% plus vite (en onze jours, durée médiane, au lieu de quinze jours), selon les résultats préliminaires d’un essai clinique contre placebo incluant un millier de patients, aux Etats-Unis et ailleurs.

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On ne sait pas si le médicament permet de sauver des vies. La mortalité du groupe de patients traités par remdesivir était de 8%, contre 11,6% dans le groupe témoin; une différence trop faible pour exclure que ce soit le fruit du hasard.

Preuve de concept

«Les données montrent que le remdesivir a un effet clair, significatif et positif pour réduire le temps de rétablissement» des malades, a déclaré Anthony Fauci, directeur de l’Institut des maladies infectieuses qui a dirigé l’essai, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. «C’est une preuve de concept très importante, car cela prouve que nous pouvons bloquer le virus», a dit le haut responsable scientifique, prudemment optimiste, mais qui affirme que le mode d’action du remdesivir – il s’insère dans le matériel génétique du coronavirus et le court-circuite pour l’empêcher de se répliquer – ouvre une piste thérapeutique cruciale appelée à devenir un standard de traitement.

Le président Donald Trump a dans la foulée demandé à l’Agence américaine du médicament (FDA) d’accorder «rapidement» une autorisation d’utilisation en urgence pour les hôpitaux, hors d’essais cliniques. Le patron de Gilead Sciences, Daniel O’Day, a annoncé que le laboratoire disposait actuellement de 1,5 million de doses qui seraient données, pour traiter au moins 140 000 patients. Gilead vendra ensuite le remdesivir à un prix «abordable», a-t-il dit au site Stat.

L’annonce de Washington relativise l’importance de résultats non concluants d’une petite étude sur le remdesivir (237 patients), menée dans dix hôpitaux de Wuhan en Chine et publiée mercredi par la revue médicale The Lancet. Dans l’essai chinois, les malades traités avec le remdesivir n’ont pas fait mieux que ceux traités par placebo. Mais la taille de l’essai, interrompu faute de malades car l’épidémie s’est arrêtée à Wuhan, limite l’interprétation des résultats. Les NIH doivent désormais faire publier leurs résultats entiers après évaluation par une revue scientifique.