Réutiliser les masques pour réduire leur impact environnemental
Coronavirus
Une étude conduite par des chercheurs suisses a évalué différentes stratégies d’utilisation des masques anti-covid. Leur recommandation: conserver les masques chirurgicaux à température ambiante pendant 7 jours, avant de les réutiliser

Essentiels au contrôle de la pandémie de Covid-19, les masques, et plus spécifiquement les masques chirurgicaux, ne sont pas sans conséquences sur l’environnement. Déjà parce qu’on les voit fleurir depuis plus d’un an sur les bords des routes. Or ces derniers sont, on le rappelle, fabriqués en matériaux synthétiques – principalement du polypropylène – et ne sont donc pas biodégradables.
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Selon des estimations, plusieurs milliards de masques jetables pourraient avoir pénétré dans l’océan en 2020, ce qui représente entre 4800 et 6200 tonnes de pollution plastique pour l’environnement marin. Ceux-ci sont en outre principalement importés d’Asie – en juin 2020, la Chine a fabriqué près de 200 millions de masques par jour, soit 20 fois plus qu’en février de la même année –, ce qui génère, pour un pays comme la Suisse (8,6 millions d’habitants), une empreinte carbone de plus de 45 000 tonnes d’équivalent CO2 sur un an.
C’est sur cette base que des chercheurs d’Unisanté à Lausanne, et de EA-Environmental Action (une société de conseil en recherche à but non lucratif), ont cherché à établir, dans le cadre d’une récente étude en prépublication, des recommandations tenant compte à la fois de l’impact environnemental et de l’efficacité protectrice des masques utilisés.
Approche durable
Les chercheurs ont comparé plusieurs scénarios, avec trois typologies de masque (chirurgical, en coton fait maison et du commerce) et différents modes d’utilisation (usage unique ou réutilisation), tout en analysant le potentiel de ces différents usages sur le réchauffement climatique ou la pollution plastique. Concrètement, trois stratégies de réutilisation ayant fait leurs preuves en termes de décontamination ont été évaluées: l’exposition à 70°C durant 30 minutes, le lavage en machine à 60°C pour les masques communautaires en coton, et la stratégie d’attente et de réutilisation ou «semainier», qui consiste à conserver un masque chirurgical à température ambiante pendant 7 jours avant de le réutiliser.
Résultats: le masque chirurgical à usage unique est de loin le plus préjudiciable en termes de bilan carbone (0,4 kg/équivalent CO2 par mois). La stratégie du semainier permet de diviser par 10 ce bilan carbone, alors que les masques en coton fait maison divisent ce chiffre par 35.
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In fine, et compte tenu de la meilleure efficacité des masques chirurgicaux sur la réduction des émissions de gouttelettes et d’aérosols, les auteurs de l’étude estiment que le meilleur compromis entre l’impact environnemental et la protection sanitaire s’avère être l’utilisation des masques chirurgicaux avec une stratégie d’attente et de réutilisation.
«De manière très pragmatique, il suffit de déposer ses masques dans un endroit propre, par exemple au bord d’une fenêtre à l’intérieur, en suivant un ordre chronologique, détaille Nicolas Senn, directeur du Département universitaire de médecine de famille à Unisanté et coauteur de l’étude. Au bout de 4 à 7 jours, il a été démontré que la charge virale était considérablement réduite.» Autre atout: ce cycle pourrait être reproduit jusqu’à dix fois, permettant ainsi de limiter sensiblement l’achat de masques à usage unique.