L’augmentation de la prévalence sur le territoire helvétique avait déjà été constatée par les spécialistes en la matière, Yves Jackson et François Chappuis, des Hôpitaux universitaires de Genève. Dans une étude publiée en novembre 2011 dans la revue Forum médical suisse , ces derniers qualifient la maladie de Chagas d’infection parasitaire majeure en Europe occidentale, conséquence de l’arrivée de plus de 2 millions de migrants latino-américains ces dix dernières années.
Environ 10 millions de personnes dans le monde sont concernées par ce mal, principalement en Bolivie, au Brésil et en Argentine. Actuellement, plus de 40 000 ressortissants latino-américains sont établis en Suisse. Mais leur nombre réel, suggérait déjà l’étude à l’époque, doit vraisemblablement être multiplié par deux, compte tenu des résidents sans permis de séjour. Bilan: les experts estiment entre 2000 et 4000 le nombre de porteurs potentiels de la maladie de Chagas sur le territoire helvétique.
Parmi les cas déjà dépistés, nous enseigne l’étude genevoise, «de nombreux patients ont présenté une atteinte cardiaque sévère nécessitant des soins durables et coûteux». Et à Genève, 79% des personnes diagnostiquées – certaines avec des symptômes chroniques – ignoraient qu’elles étaient infectées.
Autre surprise: en effectuant des tests, les scientifiques ont découvert plusieurs cas de malaria ignorés ou latents, notamment dans les cantons de Genève et de Neuchâtel. «Normalement, ces tests sont indépendants, mais ils ont été combinés pour des raisons de coûts et d’efficacité, nous précise-t-on. «Comme nous ne tenons pas de statistiques centralisées, il est impossible de dire combien de patients cela représente», indique Annette Koller, du CRS. D’après les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, deux fois plus de cas de paludisme ont été enregistrés depuis le début de cette année, par rapport aux cinq premières semaines de 2011 et de 2012.
Explication: la Suisse est un pays particulièrement en résonance avec les phénomènes de migration. Avec environ 10% de sa population qui vit à l’étranger, il y a, par exemple, plus de Suisses aux Etats-Unis que dans le canton du Jura. A quoi il faut ajouter près d’un quart de résidents en territoire helvétique originaires d’un autre pays. A titre d’exemple, l’école primaire des Pâquis, à Genève, enseigne à des enfants provenant de 85 nationalités différentes. Raison pour laquelle la Suisse vient de décider d’enclencher son mécanisme de tolérance zéro, pour les transfusions sanguines notamment, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé.
Autre surprise:les scientifiques ont découvert plusieurs cas de malariaignorés ou latents