Marcher dans les travées d'un salon professionnel de la robotique, c'est aussi tomber sur des participants exotiques. Au détour d'une allée, un boîtier rectangulaire blanc et bleu ressemblant à un grand aspirateur, se promène tranquillement parmi les êtres de chair et d'os, l'air de rien. Lorsqu'il approche d'une personne d'un peu trop près, il s'arrête poliment, comme s'il lui reniflait les pieds. Avant de repartir vaquer à ses occupations.
Cette scène s'est déroulée mercredi 4 novembre à l'occasion du «Swiss Robotics Industry Day», organisé sur son campus par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausane (EPFL). L'occasion pour les scientifiques impliqués dans le Pôle de recherche national «Robotique» (NCCR Robotics) de venir présenter leurs projets à la communauté de leurs collègues. Le Temps y était.
Des robots en mouvement
Première catégorie de robots présentés en démonstration, les machines capables de se déplacer seules sur des terrains complexes comprenant des obstacles. Sur ce secteur, le Laboratoire des systèmes autonomes de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) se profile depuis quelques années déjà avec StarlETH, impressionnant robot quadrupède qui rappelle un chien aux uns, un cochon aux autres.
La bête, qui pèse 27 kilos, est équipée d'un émetteur laser qui l'informe sur son environnement immédiat. Elle travaille en tandem avec un drone qui quadrille la zone d'opération dans son intégralité. Les données capturées par le drone sont ensuite transformées en une carte aérienne précise. «En combinant la vue du dessus réalisée par le drone, et la vue en champ proche calculée à partir du laser, nous obtenons une carte très précise que StarlETH utilise pour se déplacer», explique Elias Müggler, l'un des scientifiques rattachés au projet.
Une fois pleinement opérationnel, StarlETH pourrait être utilisé pour la recherche et le secours de victimes de catastrophes telles qu'un tremblement de terre, lorsque de nombreux endroits deviennent inaccessibles ou trop dangereux pour les êtres humains.
Des robots-élèves bons professeurs
Les robots éducatifs constituent un autre axe du PNR Robotique. Alexis Jacq, du laboratoire spécialisé dans les interactions homme-machine CHILI (EPFL), travaille ainsi sur un projet nommé CoWriter, destiné à faciliter l'apprentissage de l'écriture.
Oubliez le robot professeur: c'est tout l'inverse. Le robot - le célèbre Nao initialement développé par l'entreprise française Aldebaran - est ici l'élève: c'est l'enfant qui va lui apprendre à écrire. «L'idée est que les enfants apprennent à perfectionner les gestes de l'écriture en les enseignant au robot, ce que l'on appelle le 'learning by teaching'», explique Alexis Jacq.
L'enfant et le robot communiquent par l'intermédiaire d'une tablette. L'enfant écrit un mot sur l'écran tactile grâce à un stylet, puis le robot se met en mouvement et lui parle. «Je vais essayer d'écrire comme toi!» lance Nao.
Son premier essai est plutôt...raté. On reconnaît à peine le mot gribouillé. Mais c'est tout le but: Nao commet lui aussi des erreurs. Pensant corriger les défauts du robot, l'enfant corrige en fait ses propres faiblesses! Et ça marche, d'après Alexis Jacq. Le chercheur a récemment constaté des progrès chez une dizaine d'enfants ayant des problèmes d'écriture.
Un exosquelette pour la main
Tobias Bützer, de l'EPFZ, travaille quant à lui sur un projet d'exosquelette se plaçant sur la main. L'idée, venir en aide aux personnes paralysées après un accident vasculaire cérébral.
Car cette orthèse répond aux contractions du muscle de l'avant-bras en faisant un mouvement de pince, qui s'ouvre ou se ferme, ce qui permet par exemple de saisir une balle ou une tasse.
En fait, la contraction des muscles crée une variation du potentiel électrique de la peau de l'avant-bras. Des électrodes la détectent et envoie un signal aux moteurs de la main artificielle qui se met alors en mouvement. Avec ses 113 grammes dans sa version la plus aboutie, cet exosquelette permet de compléter les séances de physiothérapies chez les personnes atteintes de paralysies partielles de la main, affirme Tobias Bützer.