Coronavirus: les jeunes ne sont pas à l’abri

Dès les débuts de la pandémie en Chine, le profil des personnes les plus vulnérables au SARS-CoV-2 a été identifié. Etre âgé de plus de 65 ans et souffrir d’autres pathologies (hypertension, diabète, maladies respiratoires chroniques, par exemple) accroît nettement le risque de développer des complications et de décéder du Covid-19.

Mais cela ne signifie pas pour autant que les jeunes soient protégés. Les décès récents de plusieurs adolescents, dont une jeune fille de 12 ans en Belgique et un jeune garçon de 13 ans en Angleterre, sont venus tragiquement le rappeler. Des jeunes adultes en bonne santé peuvent développer des formes sévères de la maladie, ce qui devrait inciter chacun à la prudence.

Lire aussi: Chloroquine: les dessous d’une recherche controversée

Pas de doute, le nouveau coronavirus est particulièrement dangereux aux âges avancés. D’après une nouvelle étude parue dans la revue Lancet Infectious Diseases et menée à large échelle sur plus de 71 000 patients de Wuhan, le Covid-19 est mortel chez près de 15% des personnes de 80 ans et chez 8% de celles qui ont entre 70 et 79 ans. Le risque de mourir de la maladie n’est «que» de 1,3% chez les quinquagénaires et de 0,3% chez les quadragénaires. Dans cette vaste cohorte, un seul décès a été enregistré chez un patient dont l’âge était compris entre 10 et 19 ans et aucun n’a eu lieu chez un enfant plus jeune.

Trentenaires décédés en Suisse

En Suisse aussi, c’est la population âgée qui paie le plus lourd tribut à la maladie. Sur les 373 personnes décédées du Covid-19 en Suisse, 233 avaient plus de 80 ans et 98 autres avaient entre 70 et 79 ans, d’après le dernier bulletin épidémiologique publié par l’OFSP le 31 mars. A ce jour, aucun décès n’a été enregistré chez des enfants ou des jeunes de moins de 30 ans en Suisse. Deux trentenaires, dont une Genevoise de 32 ans, et un quadragénaire ont succombé à la maladie.

Les décès en raison du Covid-19 demeurent donc rares chez les jeunes adultes et les adolescents (ils le sont encore plus chez les enfants). En revanche, une proportion non négligeable de jeunes se retrouve à l’hôpital en raison de la maladie. «Les adultes jeunes, même en bonne santé, peuvent développer des symptômes très sévères les amenant jusqu’aux soins intensifs. Il semblerait que ce phénomène soit plus fréquent dans les pays européens, par rapport à ce qui a été observé en Chine», met en garde Peter Vollenweider, chef du service de médecine interne au CHUV. Le médecin précise qu’environ un patient sur 10 soignés au sein de l’hôpital cantonal vaudois a moins de 45 ans.

Aux Hôpitaux universitaires de Genève, la chargée de communication Anne-Laure Roudaut indique que «la semaine passée, aux soins intensifs, la moyenne d’âge des patients était de 56 ans et le plus jeune intubé avait 27 ans». Parmi les patients hospitalisés à Genève, un tiers n’ont pas de pathologies préexistantes susceptibles d’expliquer la gravité de leurs symptômes. Chez les 1615 patients qui ont dû être hospitalisés en Suisse depuis le début de la pandémie, l’âge allait de 0 à̀ 101 ans, avec un âge médian de 70 ans (la moitié des personnes avait plus de 70 ans et l’autre moitié moins que cet âge), indique l’OFSP.

Dans d’autres pays également, de nombreux jeunes se retrouvent à l’hôpital en raison du Covid-19. Aux Etats-Unis, 20% des patients hospitalisés et 12% des patients admis aux soins intensifs avaient un âge compris entre 20 et 44 ans, d’après un rapport des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) daté du 16 mars. D’après le dernier rapport de Santé Publique France en date du 24 mars, sur un échantillon de 354 personnes placées en réanimation en raison du Covid-19, 30 avaient moins de 44 ans.

Territoire génétique particulier

Alors que dans leur grande majorité, les adultes jeunes et les adolescents ne souffrent que de symptômes légers ou moyens lors d’une infection par le SARS-CoV-2, pourquoi certains tombent-ils gravement malades? «L’explication privilégiée est que certains ont un territoire génétique particulier qui les amène à développer une réaction inflammatoire exagérée», relève Peter Vollenweider. Divers projets de recherche ont déjà été lancés dans le monde pour tenter de déterminer le rôle des gènes dans l’évolution de la maladie.

Pour Peter Vollenweider, même si un faible pourcentage de jeunes risquent de souffrir de formes graves de la maladie, cela devrait encourager tout à chacun à adopter les mesures de distanciation physique prônées par les autorités. «Elles sont efficaces pour éviter de propager l’épidémie auprès de personnes âgées et malades, mais aussi pour se protéger soi-même du virus», souligne le médecin. Et de rappeler que les jeunes adultes souffrant du Covid-19 et se soignant à la maison doivent se surveiller et ne pas hésiter à faire appel aux services d’urgence s’ils ont de la peine à respirer.

Pour évaluer votre risque de souffrir du Covid-19 et savoir comment réagir, consultez le site CoronaCheck.