EMS, un leader mondial des soins dentaires méconnu
Prix SVC Suisse romande (3/6)
AbonnéMieux vaut prévenir que guérir: le credo d’Electro Medical Systems, implantée à Nyon, lui a permis de devenir un leader mondial des soins dentaires grâce à une gamme de produits 100% «made in Switzerland»

Le prix SVC Suisse romande récompense tous les deux ans une PME pour son caractère exemplaire. Il est organisé en alternance avec le prix SVC Genève. Cette année, six finalistes se disputeront la distinction qui sera remise le 15 novembre au Swisstech Convention Center de l'EPFL, à Lausanne.
Fils de dentiste, Bernd Bühner avait une conviction lorsqu’il était enfant: il ne marcherait pas sur les traces de son père. Après une jeunesse entre son Allemagne natale et la Suède, suivie de quelques années comme moniteur de ski et de voile, il décide de s’installer en Suisse pour fonder… une entreprise dédiée au secteur dentaire.
C’est dans la vallée de Joux qu’il installe les premiers bureaux d’Electro Medical Systems (EMS) en 1981. Pour la simple et bonne raison que l’emplacement lui offrait des locaux à un prix défiant toute concurrence, mais aussi la proximité d’un partenaire aussi inattendu que précieux: Jaeger LeCoultre. La célèbre marque horlogère produira ainsi les tout premiers matériels à l’origine de l’envol de l’entreprise. Plus de quarante ans plus tard, EMS, désormais installée à Nyon, fabrique toute une gamme de matériels médicaux destinée à des professionnels et qui ont un point commun: l’utilisation d’ultrasons pour aborder de manière préventive, donc non invasive, un échantillon de pathologies qui croît à un rythme aussi rapide qu’EMS.
Des soins dentaires à la gestion de la douleur
La PME est née de la rencontre de deux hommes, Bernd Bühner et Pierre Mabille. Celle d’un entrepreneur visionnaire et d’un inventeur. Pierre Mabille a en effet développé la méthode originale Piezon, une technologie à base d’ultrasons qui permet, lorsqu’elle est intégrée à des matériels dentaires, d’osciller entre la dent et les gencives de manière précise et sans causer de douleur. Toutes les opérations de détartrage, de parodontie, d’endodontie et de restauration, dont la simple évocation était traditionnellement source d’anxiété chez les patients, deviennent l’occasion d’empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension de caries, de maladies des gencives. «Toute l’approche d’EMS est basée sur la prévention: quand on traite, il est déjà trop tard», explique Celso Da Costa, responsable du marketing dentaire et médical.
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Les deux associés se séparent rapidement, Bernd Bühner rachète les actions de son associé Pierre Mabille et prend les rênes, seul. En 1991, il décide de diversifier l’offre d’EMS, jusque-là exclusivement dédiée aux soins dentaires, en créant une division d’urologie. Il lutte pour imposer sa vision, raconte Celso Da Costa, qui consiste à appliquer la technologie, entre-temps perfectionnée, des ultrasons pour prévenir et éliminer les calculs rénaux, vésicaux et urétéraux.
Fort du succès de cette nouvelle initiative, Bühner décide en 1995 d’ajouter aux soins dentaires et à l’urologie la gestion de la douleur. C’est d’ailleurs à ce moment qu’il profite de cette nouvelle direction pour déménager l’entreprise de la vallée de Joux à Nyon. EMS tourne la page d’une première phase de développement rapide avec trois domaines d’activité à son actif et un actionnaire unique.
Une croissance forte et durable
Aujourd’hui, EMS est leader mondial dans ses trois domaines d’activité, fondés sur une approche anti-invasive. Dans l’industrie dentaire, l’entreprise est positionnée sur le segment premium. Il représente 70% d’un chiffre d’affaires que le propriétaire de l’entreprise garde jalousement secret. Le reste des revenus se partage entre l’urologie et la gestion de la douleur, toutes deux en forte croissance. Tout comme l’entreprise qui a vu la demande progresser très fortement depuis quatre ans.
«La pandémie de covid a été un extraordinaire accélérateur de la croissance sur nos trois domaines d’activité: le dentaire, l’urologie et la gestion de la douleur. En dépit des difficultés d’approvisionnement des dernières années, nous sommes toujours parvenus à nous procurer des matières premières», relève Celso Da Costa. Tout en se développant, EMS s’est engagée dans une campagne «Go Green» pour réduire son empreinte carbone. Les contraintes qu’elle se met sont très strictes: l‘entreprise remplace systématiquement le plastique par de l’aluminium. «L’objectif zéro plastique est impossible, regrette Celso Da Costa, mais nous irons aussi loin que possible pour l’éliminer.»
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Implantée en Europe, aux Etats-Unis, en Asie (Chine, Australie et Japon) et en Israël, la PME, finaliste du Swiss Venture Club, affiche une croissance à deux chiffres. «Les volumes de vente ont crû de 20% et nous avons bien l’intention de continuer à grandir à ce rythme. L’entreprise comptera 900 collaborateurs d’ici la fin de l’année (contre 600 en 2020)», ajoute Celso Da Costa. Lequel pointe l’importance des réseaux de praticiens que s’efforce de développer EMS, à travers une offre de formation à ses appareils: 160 000 cabinets dentaires utilisent le matériel EMS à travers le monde, 250 cliniques ses méthodes de gestion de la douleur.
Accent sur la formation et le partage de savoir
EMS mise sur l’éducation pour fidéliser les professionnels de santé et assurer une diffusion large des méthodes de prévention dont l’entreprise s’est fait la championne. «Nous continuerons à investir dans les prochains mois et années dans le développement de la formation. Partager notre savoir est au cœur de nos ambitions stratégiques. Nous souhaitons devenir aussi une entreprise de formation. Après la Swiss Dental Academy et la Swiss Dolorclast Academy, nous lancerons la Swiss Urology Academy en 2023», se réjouit Celso Da Costa. L’académie dentaire a déjà prodigué plus de 4000 cours à 18 000 dentistes et hygiénistes en 2022. Quelque 200 000 dentistes ont été initiés aux méthodes et matériels d’EMS depuis le lancement de la SDA en 2006.
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Cette démarche s’inscrit dans la volonté de son fondateur, qui partage sa vie entre le sud de la France et la Suisse, un grand amateur d’art, d’Andy Warhol notamment, et philanthrope. Bernd Bühner veille à ce qu’EMS aide les communautés locales. L’entreprise envoie notamment des appareils en Afrique et a des partenariats avec des ONG locales.