Publicité

L’idée d’Avenir Suisse pour contrer la cherté des médicaments innovants

Afin que le patient souffrant d’une grave maladie ait accès plus vite à des traitements se chiffrant parfois en millions de francs, le laboratoire d’idées préconise la fixation d’un prix provisoire dès le premier jour d’autorisation d’un médicament

Le médicament le plus cher coûte 2,2 millions de francs la dose.  — © Salvatore Di Nolfi/KEYSTONE
Le médicament le plus cher coûte 2,2 millions de francs la dose. — © Salvatore Di Nolfi/KEYSTONE

Certains médicaments, comme le Zolgensma qui permet de traiter une maladie héréditaire mortelle, coûtent cher, très cher: 2,2 millions pour une seule dose. Inutile de dire que la fixation de leur prix donne lieu à des négociations tendues entre l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les entreprises pharmaceutiques.

Dans une étude menée par Sonia Estevez et Jérôme Cosandey, le laboratoire d’idées Avenir Suisse propose un nouveau modèle de financement, qui tient compte de la valeur ajoutée de ces médicaments pour les patients, sans pour autant menacer les limites financières du système de santé.

Un bras de fer qui engendre des retards

Il faut rappeler que, dans un premier temps, l’institut chargé de délivrer les autorisations des médicaments, Swissmedic, doit donner son feu vert à la mise de ceux-ci sur la liste des spécialités. Ensuite commence le bras de fer, dans une opacité totale, entre l’OFSP et l’industrie pharmaceutique sur la fixation du prix.

Pendant ce long processus, qui dure en moyenne plus de sept mois, l’accès aux innovations est limité. La première victime en est le patient, qui subit une double peine. A la souffrance de sa maladie se greffe l’incertitude quant au remboursement du médicament que lui prescrit son médecin. Si les négociations ne sont pas terminées, le thérapeute doit adresser une demande à la caisse maladie, qui n’approuve pas celle-ci les yeux fermés. «Souvent, les prix exigés par l’industrie pharmaceutique sont excessivement élevés, tandis que les bénéfices thérapeutiques ne sont pas à la hauteur des promesses», déclare Christophe Kaempf, porte-parole de l’association faîtière Santésuisse.

Lire aussi: L’obésité et l’alzheimer, cibles prometteuses de la pharma

Dans ce contexte, le laboratoire d’idées Avenir Suisse avance un nouveau modèle. Dans le cadre d’une procédure qu’il souhaite «claire et rapide», il préconise que les caisses prennent en charge les médicaments innovants à un prix provisoire dès le premier jour d’autorisation par Swissmedic. Les autorités et la pharma disposeraient ensuite d’un an pour négocier le prix définitif.

Si le prix provisoire a été trop élevé, l’entreprise rétrocède le surplus à l’assurance. Si c’est le contraire, c’est la caisse qui rembourse la différence au fabricant du médicament. Pour que tout le monde y trouve son compte, Avenir Suisse propose un suivi des coûts dans la durée. Dès que le fabricant du médicament cher réalise un chiffre d’affaires cumulé de 20 à 25 millions de francs en Suisse, celui-ci doit réduire son coût, car l’on admet qu’il a amorti ses dépenses de recherche et développement pour la Suisse.

Santésuisse sceptique

Interpharma, l’association faîtière de l’industrie pharmaceutique, salue un tel modèle. «Il y a un réel besoin d’accélération du processus de remboursement des médicaments innovants», estime-t-elle. Les caisses se montrent beaucoup plus réservées. «Dans pratiquement aucun autre pays, l’accès aux médicaments n’est aussi rapide qu’en Suisse», fait remarquer Santésuisse, qui se réjouit de toute innovation. «Cela dit, celle-ci devrait non seulement profiter aux fabricants et aux patients, mais aussi aux payeurs de primes, ce qui n’est pas le cas comme dans d’autres secteurs innovants tels que les téléphones portables, où le consommateur profite de la baisse de coûts.»

Lire aussi: Contrôler les coûts de la santé? La proposition fait son chemin au parlement