Pandémie
Deux anticorps monoclonaux, le tocilizumbab et le sarilumab sont désormais recommandés par l’Organisation mondiale de la santé pour traiter les cas graves de covid. Une décision prise suite à la publication d’une analyse reprenant des résultats récoltés dans 28 pays. Mais ces traitements s’annoncent coûteux

Suite à la publication d’une étude ce mardi dans le Journal of the American Medical Association Medical Association, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris la décision de recommander l’utilisation de deux traitements pour soigner les malades atteints de formes sévères du covid. Le tocilizumbab fabriqué par le laboratoire bâlois Roche et le sarilumab de son concurrent français Sanofi, tous deux associés à des corticostéroïdes, réduisent «les risques de mortalité et le besoin de ventilation mécanique» estime l’OMS dans un communiqué également publié mardi. Jusqu'à présent, seul l'usage de la dexamethasone était préconisé par l'OMS.
À l’origine, ces traitements sont utilisés pour soigner la polyarthrite rhumatoïde, une maladie inflammatoire chronique touchant les articulations. Ces deux molécules sont des antagonistes de l’interleukine-6, une protéine impliquée dans la régulation de l’inflammation aiguë et chronique. Leur action consiste à l’empêcher de se fixer aux récepteurs de l’interleukine-6 pour éviter un emballement de la réponse immunitaire. Le tocilizumbab et le sarilumab sont des anticorps monoclonaux, c’est-à-dire des anticorps produits naturellement par l’organisme, répliqués en laboratoire.
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Leur utilisation dans la lutte contre le covid a fait l’objet de plusieurs recherches avec des résultats variants quant à leur efficacité. En février dernier, l’essai clinique britannique Recovery, mené à l’échelle du Royaume-Uni sur plus de 2000 personnes, publie des résultats positifs sur l’usage du tocilizumab. Selon les responsables de cette étude «pour 25 patients traités par tocilizumab, une vie supplémentaire serait sauvée».
Une analyse reprenant 27 essais cliniques
Pour prendre sa décision, l’OMS s’est appuyée sur une méta-analyse reprenant les observations de 27 essais cliniques menés sur un total de plus de 11 000 personnes dans 28 pays. «Rassembler les résultats d’essais menés dans le monde est l’un des meilleurs moyens de trouver des traitements qui aideront davantage de personnes à survivre au Covid-19. Nous avons mis à jour nos directives de traitement des soins cliniques pour refléter ce dernier développement», indique dans le communiqué Janet Diaz, docteure responsable de l’équipe clinique chargée de lutter contre le Covid-19 à l’OMS.
Pour les patients qui ont reçu ces traitements le risque de mourir après avoir contracté la maladie était de 22% contre 25% pour ceux ayant reçu des soins classiques. En les combinant avec des corticostéroïdes, dont l’efficacité dans le traitement du covid a déjà été prouvée, ce risque passe à 21%.
Des traitements coûteux
La recherche de traitements pour soigner la maladie continue d’avoir une grande importance dans la lutte contre la pandémie malgré la vaccination. Selon les estimations, actuellement 3,2 milliards de doses ont été administrées à travers le monde, mais seulement 895 millions de personnes sont totalement vaccinées. Certains pays pauvres ont encore du mal à avoir accès aux différents vaccins.
Un problème que ces médicaments pourraient ne pas résoudre malgré la preuve de leur efficacité. «Nous devons maintenant porter notre attention sur l’accès [à ces traitements], souligne Janet Diaz. Compte tenu de l’étendue des inégalités mondiales en matière de vaccins, les habitants des pays aux revenus les plus faibles seront les plus exposés au risque de Covid-19 grave et critique. Ce sont les personnes que ces médicaments doivent atteindre.»
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Selon un document des HUG, le prix de tocilizumab est d’environ 900 francs pour 400 mg. Quant au sarilumab, son prix dépasse les 800 euros (874 francs) pour 150 mg. Sans aides financières, ces traitements risquent de rester inaccessibles pour de nombreuses personnes.