médecine
Les investissements pour la recherche sur ces maladies frappant essentiellement les pays pauvres sont en baisse. A l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation, les succès accomplis montrent qu’avec l’argent nécessaire, elles peuvent être éradiquées

Ce 30 janvier, le Jet d’eau genevois, les grandes pyramides en Egypte ou encore la Grande Muraille de Chine auront un point commun: ces monuments, comme une soixantaine d’autres dans le monde, seront illuminés à l’occasion de la Journée mondiale des maladies tropicales négligées (MTN).
C’était il y a dix ans, pratiquement jour pour jour: la déclaration de Londres du 30 janvier 2012 fut signée par des ONG, des investisseurs ainsi que 13 entreprises pharmaceutiques. Le but: «soutenir, accroître et étendre» l’accès aux soins des pays les plus pauvres afin d’éradiquer dix maladies tropicales négligées d’ici 2020.
Ce groupe d’une vingtaine d’affections, parmi lesquelles la dengue, le chikungunya, la lèpre ou encore les morsures de serpent, fait peser des risques sanitaires et sociaux sur plus de 1,7 milliard de personnes dans le monde, le plus souvent dans des communautés les plus pauvres et les plus marginalisées.
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L’objectif de cette année est de rappeler le chemin à parcourir pour «atteindre l’équité en santé pour mettre fin à la négligence à l’égard des maladies liées à la pauvreté».
Mouche tsé-tsé
La crise du covid, qui a vu naître une mobilisation scientifique et des investissements dans la recherche sans précédent, montre qu’il est possible d’appliquer les mêmes méthodes à ces maladies, écrivait dans La Croix Bernard Pécoul, directeur exécutif de l’ONG de recherche médicale Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi), basée à Genève.
«Depuis notre création nous avons développé neuf nouveaux traitements et médicaments révolutionnaires pour des maladies négligées. Ces efforts, associés à ceux de nos partenaires sur le terrain, commencent à porter leurs fruits: par exemple, la terrible maladie du sommeil, causée par la piqûre de la mouche tsé-tsé et qui a fait des centaines de milliers de morts en Afrique centrale au siècle dernier, est en voie d’élimination», déclare-t-il dans un communiqué.
Près de 757 millions de personnes ont reçu un traitement en 2020, malgré la pandémie. Quarante-trois pays ont par ailleurs éliminé au moins une MTN, signale l’Organisation mondiale de la santé.
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Malgré ces succès, les besoins restent conséquents, qu’il s’agisse de développer de nouveaux vaccins et traitements, ou d’apporter les thérapies existantes là où les populations en ont besoin. «Pour cela le soutien des Etats, de l’industrie et des organisations mondiales de la santé est crucial», ajoute Bernard Pécoul dans un communiqué.
Or les investissements tendent à la baisse, signale un rapport du think tank Policy Cures Research. Les fonds accordés à la R&D ont baissé de 6% entre 2019 et 2020, toutes maladies négligées confondues.
«L’OMS, dans sa feuille de route pour les maladies tropicales négligées d’ici à 2030, a fixé des objectifs de contrôle et d’élimination des MTN. Ils sont réalisables, mais pas sans davantage d’investissements pour rechercher des outils thérapeutiques simples, efficaces, sûrs et adaptés aux systèmes de santé qui en ont besoin», déclare Kavita Singh, directrice du bureau régional de DNDi pour l’Asie du Sud.