Dans votre recherche, la prévalence des douleurs thoraciques d’origine cardiovasculaire était la même chez les femmes et les hommes. Pourtant ces derniers étaient davantage pris en charge. Comment expliquer ces disparités?
Il est vrai que les symptômes liés aux maladies cardiovasculaires sont souvent plus diffus et atypiques chez les femmes, et qu’il est donc parfois difficile de poser un diagnostic chez ces dernières. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes volontairement penchés sur des situations où les femmes présentaient des signes cliniques similaires aux hommes. Malgré cela, des différences importantes subsistaient, ce qui a mis en évidence la présence, très forte, de biais liés au genre dans la prise en charge des patients.
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Ces inégalités de traitement ont-elles des conséquences?
Le nombre de personnes suivies dans notre étude ne nous permet pas de tirer des conclusions quant à un probable impact sur la mortalité. Néanmoins, d’autres recherches ont démontré que si les maladies cardiovasculaires étaient davantage diagnostiquées chez les hommes, elles généraient un taux global de décès plus important chez les femmes. Un état de fait qui pourrait trouver sa cause dans ces différences de prise en charge.
Comment briser ces stéréotypes autour des maladies cardiaques, qui sont, on le rappelle, la première cause de mortalité en Suisse?
En sensibilisant les médecins, notamment lors de leurs études. Nos données ont été récoltées il y a déjà quelques années; depuis, on a pu constater que les professionnels de soins se montraient de plus en plus attentifs à ces biais de genre, ce qui est rassurant. Il est également important de mener des campagnes de prévention auprès de la population, car les femmes ont souvent tendance à davantage banaliser leurs symptômes que les hommes, ce qui peut aussi engendrer une prise en charge trop tardive.
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