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Modifier le microbiote contre le rejet de greffes

Le microbiote, ensemble des bactéries présentes dans le corps, influence le taux de rejet des greffes d’organes chez les souris. Des antibiotiques pourraient améliorer les transplantations

Des souris traitées par antibiotiques ont mieux supporté une greffe de peau. — © stepien/123RF
Des souris traitées par antibiotiques ont mieux supporté une greffe de peau. — © stepien/123RF

Après une greffe d’organe, le système immunitaire d’un patient réagit naturellement à l’intrusion du corps étranger. Des médicaments sont prescrits pour diminuer cette réponse, les immunosuppresseurs. Mais cette médication n’est pas toujours suffisante. L’organe peut être rejeté et devenir dysfonctionnel.

Des chercheurs de l’Université de Chicago ont montré que le microbiote – bactérie, virus et autres microbes vivant sur la peau, ou dans le système digestif par exemple – joue un rôle important dans la capacité du corps à réagir contre un transplant. Une conclusion obtenue grâce à l’étude de greffes sur des souris de laboratoire, publiée dans la revue «The Journal of Clinical Investigation» du 21 juin 2016

Grâce à un traitement aux antibiotiques, le microbiote des souris a pu être modifié. Les scientifiques ont alors comparé le temps que le corps mettait à rejeter la greffe, selon le traitement donné aux souris. Les greffes de peau entre souris traitées par antibiotiques ont duré environ deux fois plus longtemps qu’entre les souris non traitées.

Les organes en contact avec le monde extérieur comme les intestins, les poumons ou la peau ont le taux de rejet le plus élevé. Contrairement aux organes internes (reins, cœur) dont les greffes sont beaucoup mieux acceptées.

Développement de résistances

Pour les auteurs de l’étude, ce n’est pas la quantité, mais plutôt le type de micro-organismes présents chez un patient qui est primordial. Certains provoquent un rejet de greffes plus précoce. En éliminant spécifiquement ces micro-organismes avec des antibiotiques, les auteurs voient une méthode potentielle pour augmenter l’acceptation des greffes.

Une nouvelle stratégie qui pourrait être utile aux quelque 428 patients en moyenne qui, selon l’Office fédéral de la Santé publique, reçoivent un organe en Suisse chaque année. Jean Villard, chef de l’Unité de transplantation et immunologie de l’Hôpital Universitaire de Genève, modère toutefois l’importance de cette étude. «Les auteurs ont créé des conditions extrêmes. En milieu aseptisé, avec des souris très proches génétiquement, les résultats sont effectivement saisissants – avec une durée de vie des greffes doublée pour les souris sous antibiotiques. Mais en conditions réelles, l’influence du microbiote est beaucoup plus modérée – la durée de vie de la greffe n’est prolongée que de trois jours.»

De plus, l’utilisation d’antibiotiques induit le développement de résistances. «Il faudrait en utiliser le moins possible. Or il serait ici difficile de justifier leur utilisation puisque aucune infection n’est démontrée», indique le médecin.

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