La faune australienne paie un lourd tribut aux «bushfires». D’après une évaluation de Chris Dickman, de l’Université de Sydney, ils auraient déjà tué environ un milliard d’animaux. Pour parvenir à ce chiffre, le biologiste s’est basé sur des études datant de 2007, qui avaient évalué la densité en mammifères, oiseaux et reptiles dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud. Il a ensuite extrapolé ces chiffres en fonction de la surface de végétation détruite depuis le début des feux. L’expert fait valoir qu’il a probablement sous-estimé la mortalité réelle, notamment parce que son travail ne prend en compte ni les amphibiens ni les insectes.
Bien que les feux soient une composante naturelle de l’environnement en Australie, les événements récents se distinguent par leur ampleur et pourraient mettre en péril diverses espèces déjà rares. La riche faune australienne comprend de nombreuses espèces qui ne vivent nulle part ailleurs, mais elle fait aussi face à de multiples menaces et connaît un des taux d’extinction les plus élevés du monde.
Un arbre, des orchidées et une souris marsupiale
«Les espèces les plus à risque de souffrir des incendies sont celles dont l’aire de distribution correspond en grande partie à la zone brûlée», souligne John Woinarski, spécialiste de la faune australienne à la Charles Darwin University à Darwin. Selon une liste préliminaire, publiée par le Ministère australien de l’environnement et de l’énergie, 331 espèces menacées de plantes, animaux et insectes ont perdu au moins 10% de leur habitat répertorié, c’est-à-dire une part significative de leur milieu de vie.
Parmi ces espèces en danger, une cinquantaine est particulièrement mal lotie, avec un habitat détruit à plus de 80% par les flammes. Il s’agit de 47 plantes, dont un type de chêne appelé Eidothea hardeniana, qui ne pousse que dans un unique site, mais aussi de plusieurs orchidées, une araignée et un mammifère, le dunnart de l’île Kangourou, une souris marsupiale qui ne vit que sur l’île Kangourou, au large de l’Australie.
«Le potoroo à longs pieds [un autre marsupial, ndlr], le cacatoès de Latham ou encore la souris de la rivière Hastings sont d’autres espèces à risque suite aux incendies», détaille John Woinarski. Quant au koala, déjà classé comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il a beaucoup souffert des incendies, mais de vastes aires de son habitat ont heureusement été épargnées.
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