Des souris luminescentes mettent à jour l’horloge biologique
Génétique
Des chercheurs genevois sont parvenus pour la première fois à observer pendant plusieurs mois le tic-tac de l’horloge biologique de souris. Les animaux ont été dotés d’un gène de la luciole qui produit de la lumière. La méthode permet de réduire le nombre de cobayes nécessaires pour ce type de recherche
Beaucoup de comportements ou de fonctions, comme la faim, le sommeil, le mouvement, sont réglés sur un rythme de 24 heures. La mise à mal de ce rythme, notamment avec le travail en trois-huit, peut par exemple conduire à des troubles du sommeil ou de l’alimentation, voir déboucher sur des dépressions.
Chez l’être humain comme chez la souris, la cadence est donnée par le cerveau. Ce dernier s’ajuste par rapport à la lumière et synchronise les oscillateurs subalternes qui se trouvent dans les cellules, indique l’Université de Genève dans un communiqué. Les chercheurs ont voulu voir ce phénomène.
L’équipe du professeur Ueli Schibler a travaillé en collaboration avec des physiciens de l’Université de Genève pour mettre au point un appareil qui leur permettait d’observer des souris vivantes sur de longues périodes. Le résultat de leurs travaux a été publié par la revue Genes & Development.
Des souris luminescentes
L’appareil qui a été développé par les Genevois ressemble à une cage équipée de miroirs dans laquelle vit une souris sans poil. Cet animal est toutefois différent de ses cousins rongeurs. Son foie contient des gènes horlogers qui ont été couplés au gène de la luciole. Ils émettent donc de la lumière lorsqu’ils s’activent.
Cette faible lumière qui sort de la peau de la souris est captée par un détecteur ultrasensible. Les chercheurs peuvent ainsi relever les fluctuations lumineuses du foie de l’animal et prouver que l’horloge biologique est commandée par le cerveau et par les cycles des repas pris par la souris.
Normalement, pour mener à bien ce type de recherche, des centaines de souris doivent être utilisées. «Pour une expérience similaire avec des méthodes biochimiques classiques, nous aurions eu besoin de vingt fois plus de souris», a fait remarquer le professeur Schibler.
Applicable ailleurs
Cette technologie mise au point à Genève est applicable à de nombreux domaines de la recherche biomédicale. Elle pourrait permettre de suivre en direct les actions de métabolites comme le cholestérol ou le glucose. On pourrait aussi observer les effets des traitements dans le cadre de maladies telles que le diabète.
La recherche menée à Genève s’est faite en collaboration avec l’Université d’Ulm et le Centre de génomique intégrative (CIG) de Lausanne.