En Suisse, le pic de la cinquième vague pourrait être atteint d'ici peu
Covid-19
Selon l’Office fédéral de la santé publique, la crête du raz-de-marée Omicron pourrait survenir d’ici une à trois semaines. Ces projections sont corroborées par les modélisations présentées par l’OMS

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Ils sont nombreux à s’être aventurés, jusqu’ici, à des projections. Ils sont beaucoup, aussi, à s’être magistralement trompés. Mais cette fois, il semble qu’un consensus tende à se dégager sur le moment où la vague Omicron – dont l’ampleur est sans commune mesure avec ce qu’on a pu observer jusqu’à présent – pourrait atteindre son point culminant.
En Suisse, la crête du raz-de-marée Omicron pourrait survenir d’ici «une à trois semaines», selon Tanja Stadler, présidente de la task force scientifique de la Confédération, qui s’exprimait ce mardi 11 janvier lors d’un point presse de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Pour cette dernière, «le nombre d’infections devrait augmenter jusqu’à ce qu’un tiers, voire la moitié, de la population suisse soit infectée», aboutissant à «une immunisation de 65 à 85% de la population», par le biais de la vaccination ou d’une infection.
Dans la lignée des projections de l’OMS
«Ces projections sont corroborées par celles présentées par le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe, analyse Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève. Selon ces dernières, le pic de la vague Omicron pourrait arriver autour de la troisième semaine de janvier avec plus ou moins d’avance selon les pays.»
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La branche européenne de l’OMS a en effet annoncé, ce même 11 janvier, que plus de 50% des Européens pourraient être infectés par Omicron dans les six à huit prochaines semaines, se référant aux modélisations réalisées par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), un institut de statistique sur la santé publique basé à Seattle.
Dans un rapport publié le 8 janvier, l’IHME estime ainsi que les infections, dans la région européenne, atteindront un pic de plus de 12 millions par jour à la mi-janvier. «Nous nous attendons à ce que les cas signalés dépassent 2,75 millions d’ici à la troisième semaine de janvier, puis subissent une forte baisse», écrivent les auteurs.
«La vague va refluer à partir du moment où une très grande partie de la population aura été contaminée par le virus et que ce dernier ne trouvera plus suffisamment d’hôtes à infecter pour se répandre, illustre Antoine Flahault. Les prévisions émises par l’OMS peuvent s’avérer fausses, mais elles sont partagées par pratiquement tous les modélisateurs sur le sujet.»
Possible augmentation des hospitalisations
Si, selon Tanja Stadler, «une amélioration de la situation peut être espérée au début du printemps», il faudra d’ici là possiblement s’attendre à une augmentation des hospitalisations. En effet, bien que les données sur Omicron semblent confirmer sa moindre sévérité, comparé aux variants précédents, sa très grande transmissibilité et donc le nombre très important de personnes infectées pourraient avoir comme résultat une hausse non négligeable des nouvelles prises en charge à l’hôpital et dans les services de soins intensifs.
«Avec des infections doublant tous les huit à dix jours, entre 80 et 300 nouveaux malades du Covid-19 pourraient se retrouver aux soins intensifs par semaine au plus fort de la vague Omicron», a déclaré Tanja Stadler.
Pour l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), «les hospitalisations augmenteront jusqu’à un pic qui pourrait être supérieur d’un tiers à celui de l’hiver dernier». Des chiffres qui incluent cependant également les admissions «avec un Covid-19» en plus de celles «à cause du Covid-19», ce que l’IHME appelle les «admissions accidentelles». «Comme la prévalence des infections avec Omicron est très élevée, de nombreuses personnes hospitalisées pour d’autres pathologies auront des infections asymptomatiques», notent les auteurs, qui signalent également que «ces admissions accidentelles peuvent dépasser 50% du total des admissions liées au Covid-19 dans certains pays.»
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Sur ce dernier point, Virginie Masserey, responsable de la section contrôle de l’infection et programme de vaccination à l’OFSP, a précisé qu’en Suisse 30% des cas d’hospitalisations pouvaient être comptabilisés dans ces admissions accidentelles, soulignant que ces patients «représentaient aussi une charge supplémentaire pour les services de soins, ces derniers devant être traités dans des conditions d’isolement et certains voyant leurs maladies préexistantes être péjorées par le Covid-19».
Selon l’IHME, les décès ne devraient toutefois pas augmenter au niveau régional, en raison du remplacement progressif du variant Delta par le variant Omicron.
Reste la question à un million de dollars: quand cette pandémie atteindra-t-elle la phase dite «endémique», sachant que 15 à 35% de la population suisse pourrait ne pas encore être immunisée à la suite de la vague Omicron? «Il s’agit d’une zone grise, élude Tanja Stadler. Si l’on arrive à reprendre une vie normale sans que les hôpitaux soient débordés, on pourra dire que ce stade a été atteint.» Encore faut-il que le SARS-CoV-2 ne sorte pas un nouveau variant plus virulent de son chapeau.