Tout a commencé il y a dix-huit mois, sur Twitter. Alors que la recherche s'oriente principalement vers le développement de vaccins et d'anticorps monoclonaux contre le Covid-19, un petit groupe international de scientifiques travaillant au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Israël continue à croire en la découverte d'un nouveau médicament antiviral qui ne soit pas breveté et donc facilement accessible, y compris pour les pays les plus pauvres. 

Un appel à commencer un projet de recherche participative ouverte est alors lancé sur le réseau social et la réponse ne se fait pas attendre. «Nous avons eu plus de 1000 retweets en une semaine et différentes offres d'aide nous sont parvenues», se souviennent les instigateurs de l'initiative dans un article paru dans la revue Nature.

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Peu à peu, une collaboration virtuelle se met en place entre plus de 150 scientifiques, universitaires et étudiants du monde entier, partageant en ligne leurs idées et leurs connaissances avec pour objectif d'identifier de nouvelles molécules capables de bloquer l'infection au SARS-CoV-2. Le projet Covid Moonshot était né. Depuis, 17 000 candidats médicaments ont été proposés et 1400 d'entre eux ont été synthétisés.

Financement de plusieurs millions

«Au début de la lutte contre le Covid-19, le monde a semblé abandonner la recherche de nouveaux antiviraux avant même qu'elle ne puisse vraiment commencer, s'accordant sur une prophétie autoréalisatrice selon laquelle de tels médicaments prendraient des années à être développés, ce que peu de personnes étaient disposées à envisager au cours de cette pandémie, relatent les chercheurs. Notre première proposition de subvention a été rejetée, nous avons donc dû trouver une autre façon de continuer.»

Projet à but non lucratif, Covid Moonshot a reçu ce 27 septembre un financement de 9,3 millions d'euros de la fondation britannique Wellcome, afin de pouvoir tester cliniquement des composés qui se présenteront sous forme de comprimés oraux et qui viseront la protéase principale du SARS-CoV-2. Cette dernière représente en effet une cible intéressante car elle joue un rôle essentiel dans le cycle de vie du virus ainsi que sa réplication. Les premiers essais cliniques des candidats les plus prometteurs sont attendus en 2022. 

A la tête déjà de nombreuses autres recherches sur le Covid-19, notamment en Afrique, c'est l'organisation indépendante Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), basée à Genève, qui coordonnera désormais le projet. 

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