Les 195 Etats participant à la COP21 de Paris se sont fixé pour mission de limiter le réchauffement du climat à 2 °C d’ici à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle. Pour cela, chacun doit prendre des mesures, notamment en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Mais comment répartir l’effort entre les pays, qu’ils soient développés ou pas, poids lourds ou poids plumes de la pollution? La question est au cœur des débats à Paris. Un outil mis au point par un économiste suisse et présenté mardi permet d’y voir plus clair.

Le calculateur climatique conçu par Lucas Bretschger de l’EPFZ évalue le «budget carbone» dont dispose chaque pays (c’est-à-dire la quantité de CO2 qu’il peut émettre dans un temps imparti) en prenant en compte quatre variables: la capacité économique du pays, le coût qu’aurait pour lui la prise de mesures anti-CO2, le fait qu’il devrait être récompensé s’il fait des efforts, et enfin l'idée que des émissions de CO2 qui datent d’une époque où les énergies renouvelables n’existaient pas ne devraient pas être comptabilisées avec le même poids que des émissions actuelles. Ces différents paramètres ont été établis par l’économiste zurichois dans l’objectif de garantir un partage équitable de l’effort entre les pays.

Son calculateur permet de choisir quel poids on souhaite donner à ces divers paramètres, mais aussi le nombre de pays impliqués dans le processus et l’ambition climatique souhaitée (avec une probabilité plus ou moins importante de respecter le seuil d’un réchauffement à 2 °C fixé par les pays qui prennent part à la COP21). L’outil livre ses résultats sous trois formes, selon que les mesures imposées aux Etats reposent sur son principe d’équité, sur un marché du carbone ou encore sur un simple budget en fonction du nombre d’habitants.

En amont de la COP21, plus de 180 pays ont fait des promesses pour lutter contre le réchauffement, le plus souvent sous forme d’objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais ces contributions sont variables d’un pays à l’autre et de ce fait difficilement comparables. C’est là que Lucas Bretschger défend l’intérêt de sa calculatrice: «Le processus de négociation climatique actuel n’est pas basé sur une approche comparative des contributions, explique l’économiste. Pourtant, si on souhaite un partage juste du fardeau climatique, les contributions doivent être passées en revue et comparées, en se concentrant sur les circonstances globales.»