Un site capable de traduire les glyphes de l’écriture maya, sorte de Google Translate pour spécialistes de cette civilisation précolombienne: c’est l’objectif – certes encore lointain – d’un projet de recherche réunissant historiens et informaticiens notamment issus de l’Institut de recherche Idiap à Martigny et de l’Université de Genève.

L’écriture des Mayas constitue l’un des plus épais mystères de cette civilisation méso-américaine. Au moment où conquistadors et missionnaires franciscains foulaient la péninsule du Yucatan au XVIe siècle, la civilisation maya n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même. Pour des raisons encore discutées des scientifiques, la plupart de leurs cités s’étaient vidées de leurs habitants cinq cents ans plus tôt. De leur prestigieux passé, il ne restait que des ruines étouffées par la jungle et de nombreux écrits regroupés en codex, sortes de cahiers pliés. Ravages du temps et du fanatisme religieux obligent, la plupart de ces témoignages écrits ont aujourd’hui disparu, si bien qu’il ne reste que trois documents de l’époque préhispanique, les codex de Dresde, Madrid et Paris.

Catalogues de glyphes

Ces données sont incontournables pour déchiffrer l’écriture des Mayas. Dénuée d’alphabet, leur système écrit repose sur des glyphes, petits dessins difficiles à interpréter. Ils représentent aussi bien des mots que des syllabes, voire des idées ou des phrases entières. Pour ne rien faciliter, les scribes, les seuls Mayas à maîtriser leur écriture, disposaient d’une grande latitude dans la manière de les dessiner, de sorte qu’un même symbole pouvait être représenté de plusieurs manières.

Lorsqu’ils découvrent des objets ou des ruines mayas, les archéologues se retrouvent face à des glyphes qu’il convient de déchiffrer. C’est la tâche des épigraphistes qui cherchent des symboles similaires dans des catalogues répertoriant les quelque 1000 glyphes déjà traduites. Un travail fastidieux et chronophage qui pourrait être facilité par les nouvelles technologies.

Face à ce constat, les scientifiques ont réalisé des représentations de haute qualité des glyphes des trois codex, afin de les classer dans un répertoire numérique. Des algorithmes permettent ensuite aux chercheurs de déterminer rapidement quel est le glyphe observé et sa signification. «En alliant l’informatique au travail des experts du domaine maya, nous pouvons réaliser des avancées fascinantes», s’est réjouie dans un communiqué Rui Hu, de l’Idiap, première auteur de ces travaux publiés dans Signal processing magazine. A terme, elle envisage la mise en ligne d’une base de données qui permettra à la communauté scientifique de rechercher et comparer des textes pour faire avancer la connaissance de l’écriture et de l’iconographie maya.