Un parc de la Garenne cinq fois plus grand, pour le confort des animaux
ZOOLOGIE
Le petit zoo de La Côte vaudoise s’est agrandi, et se concentre désormais sur les espèces suisses. Réouverture ce samedi

En parcourant le chemin étroit qui mène au cœur de l’ancien zoo de la Garenne, on ne voit presque pas âme qui vive à travers les grillages des enclos. La plupart des animaux ont déjà été transférés hors des lieux. Aux abords d’une volière, milans et buses se font remarquer par leurs cris. Pour ces rapaces, c’est le grand jour: ils doivent, eux aussi, être déplacés dans leurs nouveaux quartiers.
Le parc animalier de la Garenne, situé à Le Vaud, au-dessus de Nyon, rouvre ses portes au public ce samedi. Tous les animaux représentant la faune locale viennent de déménager dans un nouveau zoo, construit à deux pas de l’ancien. La surface totale de 30 000 m² a permis d’améliorer le confort, autant des animaux que des visiteurs – il y a davantage de place pour recréer les habitats naturels des bêtes et une sensation d’espace pour le visiteur. Une tendance qui est observée dans un nombre croissant de zoos. Mercredi, à quelques jours de l’ouverture, tout le monde s’activait avec les derniers préparatifs.
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Un centre de soins
Munis de gants et de simples filets, les membres du personnel attrapent les oiseaux un à un. Ceux-ci sont ensuite transférés dans des caisses de transport. «L’essentiel est de les faire descendre de leurs perchoirs. Il est alors assez facile de les attraper», explique le le biologiste Raoul Feignoux. Il faut dire que ces oiseaux ont tous un handicap. Amputés d’une partie des ailes ou ayant des problèmes de vue, ils ne survivraient pas dans la nature. Les recueillir et les soigner sont les objectifs premiers du parc.
«Le centre de soins de la Garenne reçoit environ 500 animaux par année, détaille Michel Gauthier-Clerc, vétérinaire devenu directeur de la Garenne en automne 2013. Généralement, 40% des animaux recueillis dans les centres de soins comme le nôtre peuvent être soignés et relâchés.» Et le responsable de rappeler qu’«à l’origine, la Garenne n’était qu’un refuge; son fondateur, Erwin Meier, recueillait des animaux dans son jardin. Des bêtes qui ont petit à petit reçu des soins. Et par la force des choses, en 1965, tous ces animaux ne pouvant pas être relâchés, c’est devenu ce que l’on appelle un zoo.»
Sur le chemin qui serpente dans le nouveau site, on découvre de vastes espaces et une vue dégagée. Le contraste est frappant. «Il y a cinq fois plus de surface», précise le directeur. Mercredi, malgré le froid et le vent, le personnel fignolait les derniers détails. «On ne compte plus les kilomètres parcourus pour préparer l’endroit, dit Raoul Feignoux. Mais dans le futur, nous utiliserons des vélos pour nous déplacer plus rapidement.» Dans le restaurant, on astique la grande baie vitrée. Et devant, des machines de chantier aplanissent la terrasse. La barrière qui entoure la place de jeux est plantée à grands coups de maillets.
La faune locale privilégiée
Désormais, plusieurs volières sont ouvertes au public. Il n’y a plus de grillages entre le visiteur et l’animal. En passant la porte de l’une d’elles, on découvre une majestueuse paroi rocheuse d’une dizaine de mètres. Michel Gauthier-Clerc détaille: «Ces pierres ont été extraites d’une carrière du Jura. Aussi bien les rochers et les plantes que les animaux viennent de la région.» Quant aux espèces exotiques de l’ancien zoo, «elles ont été placées dans d’autres institutions, donc vous ne verrez plus de python, d’iguane ou de chèvres naines, originaires d’Asie». Au contraire des grands parcs zoologiques, qui présentent des animaux exotiques, la spécificité de la Garenne est qu’il est dédié à la faune suisse.
Un groupe de bouquetins, nouvellement arrivés, observent le visiteur de haut. Perchés sur leurs rochers, ils côtoient de drôles d’oiseaux, des ibis chauves ainsi qu’un gypaète barbu. Les premiers sont des volatiles noirs au long bec rouge recourbé, aujourd’hui disparus de Suisse, mais qui nichaient dans les Alpes jusqu’au XVIIe siècle. L’ibis chauve est classé en «danger critique d’extinction» par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), établie à Gland.
Réintroduction à succès
Le gypaète, quant à lui, est le symbole de la Garenne. «Nous offrons la possibilité de côtoyer de très près le plus grand oiseau des Alpes, dit le directeur. Althia, notre femelle, fait partie d’un programme de réintroduction. De nos jours, une des missions des zoos est de participer à la sauvegarde des espèces en danger. La reproduction en captivité permet ensuite de réintroduire dans la nature des individus de ces espèces menacées.» Ainsi, douze petits gypaètes nés à la Garenne ont déjà été relâchés à ce jour. Disparu de Suisse en 1913, l’oiseau a été réintroduit petit à petit dans les Alpes depuis 1986. Selon le «Réseau Gypaète Suisse occidentale», plus de 160 individus issus d’élevages d’Italie, de France, d’Autriche et de Suisse ont été relâchés jusqu’à 2009. «Les trois quarts de ces oiseaux semblent toujours fréquenter le massif alpin, indique le site de ce réseau. Le projet est un succès. On a observé 50 nidifications naturelles dans les Alpes.»
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Un peu plus loin, une passerelle en bois entourée de forêt offre un point de vue original. La structure surplombe différents enclos. Chez les sangliers, que ce soit les deux orphelins récupérés par le Service vaudois de la faune alors qu’ils nageaient dans le lac Léman, ou la grande femelle anciennement apprivoisée ayant vécu chez des privés, tout le monde semble s’être bien adapté à son nouvel environnement. Un jeune lynx lève à peine la tête sur notre passage. Une femelle devrait bientôt débarquer pour le sortir de sa solitude. Si tout va bien naîtront bientôt de petits lynx à la Garenne. Dans l’enclos voisin, les quatre loups eux, ne risquent pas de se reproduire; les mâles ont été castrés.
La découverte des lieux se termine dans la salle Microfaune. Y logeront toutes ces petites bêtes qui vivent sous nos fenêtres, mais que l’on ne voit que rarement, comme les mulots ou les rats des moissons. Des explications originales complétées par des dessins accessibles aux enfants agrémentent la visite. Avec un budget de 14,5 millions de francs, la Garenne s’est donné les moyens de devenir un lieu de loisir dans lequel tout visiteur pourra se balader facilement une demi-journée et (re)découvrir la faune locale. «Avec des anecdotes, vous découvrirez en quoi chaque animal est extraordinaire, conclut Michel Gauthier-Clerc. Saviez-vous que quand la salamandre perd une patte, elle repousse spontanément?»
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Parc de la Garenne, à Le Vaud. Ouvert toute l’année dès ce 19 mars 2016, novembre à mars: 9h00 – 17h30; avril à octobre: 9h00- 18h00.
Informations: www.lagarenne.ch