En août dernier, Kinokuniya, la plus importante chaîne de librairies au Japon, a acheté 90'000 exemplaires du premier tirage du nouveau livre de l’auteur à succès Haruki Murakami. Un acte d’autodéfense pour court-circuiter les ventes en ligne par Amazon et autres librairies virtuelles. Pour se procurer une copie de "Romancier de profession", les adeptes de Murakami doivent donc se rendre physiquement dans une des 66 librairies de Kinokuniya.

Alors qu’Amazon a ébranlé le monde de l’édition par la vente de livres sur Internet à des tarifs défiant toute concurrence, offrant la meilleure expérience possible d’un achat personnalisé sur le Web, le géant de la distribution a créé la surprise en annonçant l’ouverture le 3 novembre dernier de son premier point de vente, «Amazon Books.» Un vrai magasin de «brique et de mortier» situé à Seattle, dans l’état de Washington. Ne serait-ce donc pas le monde à l’envers?

Amazon.com est le site de commerce électronique par excellence et de l’avis général, responsable de la fermeture de nombreuses librairies. En Europe, une enquête pour violation des lois anti-trust est en cours et en Amérique, Amazon est accusé «d’avoir fait du tort à l’écosystème de l’industrie du livre tout entier». Ouvrir un magasin? Selon leur communiqué presse: «Nous mettons en pratique 20 ans d'expérience de vente sur Internet pour offrir un point de vente qui intègre tous les avantages des achats en ligne et hors ligne. Les titres proposés sont sélectionnés d’après les recommandations de nos lecteurs, les données de ventes, leur popularité sur le réseau social littéraire Goodreads.» Et les prix sont les mêmes que sur le site.

Amazon Books s'inscrit donc dans la nouvelle tendance du commerce de détail où les relations entre sites Web et points de vente ont évolué, et dont le nouveau mot d’ordre est d’inciter le consommateur à se rendre dans un magasin de proximité pour faire ses achats ou pour retirer un article commandé en ligne.

Créer une passerelle entre le trafic en ligne et les visites en magasin parait bien plus sensée que d’acheter comme le libraire Kinokuniya, 90% du stock de son éditeur pour contrer ses ennemis numériques.