Reportage
AbonnéFonte accélérée des glaciers, désalpe précoce, éboulements intensifs de rochers, les vagues de chaleur de l’été 2022 ont mis à mal l’écosystème alpin. Des montagnards de tous horizons nous racontent comment ils ont vécu la canicule en altitude

Le sentier, à peine visible entre les piles de rochers tranchants qui s’amoncellent sur la moraine, se cabre une dernière fois. Cent mètres plus haut, la cabane d’Orny apparaît. Perchée à 2811 mètres d’altitude, elle toise le randonneur qui monte depuis Champex-Lac ou, moins long, à partir du haut du télésiège de la Breya. Transpirant, sous le chaud soleil qui ne semble jamais disparaître derrière les sommets en ce mois d’août, je souffle quelques instants sur le replat qui précède le dernier raidard. Soudain, le tumulte d’une avalanche envahit la vallée. Les blocs déboulent des Clochers du Portalet, qui s’élèvent sur la rive droite du glacier d’Orny. A l’ombre des pics qui flirtent avec les 3000 mètres, aucune trace de névé. Seul le glacier sommital du Grand Capucin ajoute, dans le lointain, du blanc au paysage. Tous les montagnards l’ont constaté cet été: rarement la montagne s’est autant effritée sous l’effet de la chaleur, jamais les glaciers n’ont fondu aussi vite.