La Bible, un recueil de mythes qui peut apprendre à mieux vivre?
Religion
«Il faut d’autres sources d’inspiration que les dystopies menaçantes!»Dès ce jeudi, l’Eglise protestante de Genève propose un cycle de conférences ouvertes à tous sans inscription, à l’heure du déjeuner, pour prendre un peu de hauteur dans nos vies qui courent

C’est son credo: notre culture a été façonnée par les grands textes grecs et par la Bible, il est relativement aisé d’avoir accès aux premiers, par contre il manque d’accompagnement pour saisir la seconde, et se l’approprier. C’est pourquoi, depuis trois ans, quelques jours après le grand retour de la tarte aux pruneaux dans les assiettes, le pasteur Marc Pernot propose une série de conférences destinées à un public autre que les vieux protestants du dimanche matin. Une façon différente de servir, pour lui. Il y eut les héros bibliques en 2019, les miracles bibliques en 2020, place cette année aux mythes bibliques.
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Diable, la Bible, un recueil de mythes? Et pourtant, comment nier que le livre sacré des chrétiens recèle nombre de textes puissants et fondateurs d’une culture, d’une civilisation. «La Bible fait partie du patrimoine de l’humanité, mais elle a été trop sacralisée et cantonnée dans les sacristies», regrette Marc Pernot. Qui propose donc de décloisonner la Bible quatre jeudis midi d’affilée, dans des conférences ouvertes à tous. Non-religieux, ne pas s’abstenir.
Il faut d’autres sources d’inspiration que les dystopies menaçantes
Prenez le premier thème, l’origine du monde. «C’est passionnant de voir qu’il y a deux récits de la création, qui s’enchaînent. Celui de la création du monde en sept jours à partir du chaos, et celui du jardin qui succède au désert, grâce au souffle divin et au travail de l’homme. Ces mythes existent dans de nombreuses cultures. La leçon de la Bible, c’est qu’il y a un espoir, qu’en partant de l’existant on peut arriver à du vivable, à du mieux. L’homme est chargé de prendre soin de la terre.» Des mots qui résonnent étrangement, en ces temps d’anxiété climatique. «Il faut d’autres sources d’inspiration que les dystopies menaçantes et complotistes qui nous environnent, avec des villes irrespirables, on est trop influencé par les films apocalyptiques de fin du monde, l’ambiance générale est inquiétante, et certains en profitent pour faire peur aux gens. Remarquez que l’Apocalypse ne se termine pas avec des récits de destruction, mais par la description d’une nouvelle Jérusalem où on peut entrer, vivre, et dont on peut sortir. La Bible nous dit: face au chaos, il y a une espérance qui peut faire une brèche.»
Autre thème, celui du vivre-ensemble, que Marc Pernot choisit de représenter via le mythe de Babel. «Ce qu’il nous dit, c’est que trop d’unanimité dans un groupe étouffe l’individu, avoir une seule pensée, un seul projet est pesant et enfermant. A la fin de Babel, Dieu donne à chacun une langue – c’est le droit de chacun à avoir son point de vue, sa parole. Tout en apprenant à faire corps ensemble, comme nous proposent la saga d’Abraham ou celle de Moïse.» Divers et ensemble, un rappel bienvenu, à une époque où il devient de plus en plus difficile d’échapper au binarisme dans la vie publique.
Une centaine de personnes ont assisté l’année dernière aux conférences de Marc Pernot, un public varié et une affluence qui le réjouissent. «C’est comme une salle de musculation, mais pour travailler sur son développement personnel. Quatre jeudis consécutifs, c’est exigeant.» Le Franco-Suisse continue parallèlement à répondre aux questions souvent plus terre à terre de ses ouailles sur son blog jecherchedieu.ch.
Donner du sens à sa vie, prendre le temps de se poser et de se poser des questions: pour le pasteur, l’époque est trop à la gestion – gestion du covid, gestion de l’économie, alors qu’il faut retrouver un horizon de sens. La demande, les attentes sont là. L’ancien cartographe en intelligence artificielle sait qu’il n’y a pas de chemin commun à tous, il sait aussi que chacun peut trouver son itinéraire.
Cycle de conférences «Les mythes bibliques». Quatre jeudis consécutifs, à partir du jeudi 16 septembre de 12h30 à 13h30, temple de la Madeleine, rue de Toutes-Ames, Genève. Ouvert à tous, avec certificat covid.