A l'heure actuelle, six prototypes sont testés dans le cadre d'essais cliniques sur des humains. Avec la plus grande prudence, vu les résultats d'une expérience similaire qui s'est déroulée il y a quelques années. La molécule exploitée alors – un composant d'un spermicide commercialisé, qu'on croyait donc sûr – s'est avérée plus destructrice pour la flore vaginale que protectrice, lorsqu'elle était utilisée à haute dose. Les patientes avaient ainsi davantage de risques d'être infectées.
Un concept efficace
A l'image des trithérapies, Ronald Veazey et sescollègues du Tulane Primate Research Center de Covington (Louisiane), ont développé une approche nouvelle, car multilatérale. Son microbicide, grâce à ses trois composants, empêche le VIH de pénétrer dans les cellules de l'hôte en ciblant les protéines situées à sa surface. Plus besoin, dès lors, de substances très abrasives voire toxiques visant à l'annihiler.
Pour vérifier l'efficacité de leur produit, les chercheurs l'ont testé sur des femelles macaques, qui ont ensuite été mises en contact avec un virus hybride, résultat d'un mélange entre les versions simiesque et humaine du VIH. Les résultats sont parus lundi sur le site internet de la revue Nature : les macaques traités avec cette triple combinaison ont été totalement protégés, alors que seulement 75% de ceux qui n'avaient reçu qu'un seul des trois inhibiteurs ont été épargnés. Autre avantage: ce gel peut garder son efficacité jusqu'à six heures après son application, alors que les autres microbicides devraient être utilisés immédiatement avant le rapport sexuel.
«Cette approche est très intéressante, commente Pietro Vernazza, infectiologue à l'Hôpital cantonal de Saint-Gall et spécialiste de la question. Ses atouts sont la combinaison des trois substances utilisées, leur efficacité ainsi surtout que leur innocuité pour l'organisme hôte. Même s'il ne s'agit que d'une étude sur des singes, il est plus que probable que développer un microbicide humain soit possible.» Luc Perrin, professeur de virologie médicale aux Hôpitaux universitaires de Genève, abonde en remarques positives concernant la faisabilité du concept. Et prévoit qu'un produit fini pourrait voir le jour d'ici à cinq ans. «Reste la question des coûts de production, qui devront être bas pour qu'un tel microbicide ait un avenir», avise-t-il. Mais avant, un tel gel doit bien sûr être testé sur l'homme, n'omettent pas de mentionner les chercheurs américains.