Sous le coup d'une tolérance zéro, la conduite sous l'emprise de drogues – cannabis, ecstasy, cocaïne, héroïne, morphine ou amphétamines – sera elle aussi sanctionnée comme une infraction grave.
A la question «Y aura-t-il davantage de contrôles dès le début de l'année prochaine?», policiers et gendarmes présents hier à Bienne répondaient «pas forcément». «Ce qui va changer est la doctrine d'emploi, notait le commandant de la gendarmerie vaudoise, Alain Bergonzoli. Jusqu'ici, nous devions procéder à une reconnaissance préalable des signes d'ivresse. Ce ne sera plus nécessaire. Les usagers de la route devront s'attendre en tout temps et tout lieu à être l'objet de tels tests.» Pour Alain Bergonzoli, le nombre des retraits de permis devrait augmenter de manière significative, une opinion qui n'est pas partagée par le major Peter-Martin Meier: «Je pense que la plupart des personnes prises en infraction seront contrôlées avec un taux compris entre 0,5 et 0,8 pour mille, ce qui n'entraînera la plupart du temps pas de retrait.»
Contrairement à celle de l'alcool, la présence de drogues ne pourra pas être contrôlée en l'absence d'indice de consommation. En cas de soupçon, la police effectuera un contrôle rapide grâce à un prélèvement de salive ou de sueur. Au cas où ce premier test s'avérerait positif, une prise de sang, voire un prélèvement d'urine serviront alors de base à la condamnation.
Le responsable de l'Office fédéral des routes a légitimité hier l'introduction du 0,5 pour mille, un quart de siècle après la mise en place du 0,8 pour mille. «Les statistiques sont claires, a relevé Rudolf Dieterle. Ces dernières années, le nombre des accidents qui se sont soldés par des lésions corporelles a diminué. Mais la part des tués et des blessés graves victimes de l'alcool au volant n'a elle pas baissé.» Et d'invoquer des études effectuées à l'étranger qui montrent qu'un abaissement du taux limite de 0,8 à 0,5 pour mille permettrait de réduire de 10 à 15% le nombre d'accidents dus à l'alcool. Et, dans le même élan, de rappeler que le Bureau suisse de prévention des accidents estime que la nouvelle mesure épargnera 48 tués et 320 blessés graves par année en Suisse.
Brigitte Buhmann, directrice du BPA, confiait hier au Temps que la limitation à 0,2 pour mille pour les nouveaux conducteurs et chauffeurs de poids lourds figure toujours parmi les mesures de la nouvelle politique de sécurité routière. Le rapport final sur la nouvelle politique, qui dira si la mesure du 0,2 est maintenue, sera remis fin décembre à Moritz Leuenberger.
Le BPA, toujours lui, lancera début décembre une campagne d'information (affiches, brochures, spots TV) à 700 000 francs pour attirer l'attention du public sur la nouvelle limite en vigueur. Le message choisi est limpide, si l'on ose dire: dès le 1er janvier, le conducteur devra s'en tenir à la règle du «1 verre, 1 seul», qu'il s'agisse de bière (3 dl), vin (1dl) ou spiritueux (2 cl). La tolérance à l'alcool n'est bien sûr pas égale pour tout le monde: les hommes, les lourds, les adultes dans la force de l'âge se montrent plus résistants que les femmes, les légers, les jeunes adultes et les personnes âgées. Mais le BPA rappelle que la limite de sécurité est très vite dépassée. Aussi mieux vaut-il, pour chacun, s'en tenir à la nouvelle règle du seul verre.
Le commandant de la gendarmerie vaudoise trouverait lui encore plus simple que la valeur limite soit fixée à zéro: «Il est difficile de s'y retrouver avec ces questions de tolérance en fonction du poids ou de l'âge, remarque Alain Bergonzoli. Je trouverais plus simple et plus efficace que le message soit «ne buvez pas avant de prendre le volant».»
Le gendarme vaudois pointe un autre problème qui lui tient à cœur: «Le législateur nous demande d'un côté de durcir notre réponse face au problème de l'alcool au volant, et, de l'autre côté, il contrôle de manière de plus en plus stricte nos effectifs et nos moyens financiers. Ces compressions de coûts et d'effectifs se font au détriment de notre travail préventif, en particulier celui mené dans les écoles. Nous n'avons dès lors pas d'autre choix que de nous concentrer sur la répression, ce qui n'améliore bien sûr pas notre rapport à la population.»