L'émission de SFDRS touche à sa fin. La première et réussie Star Academy helvétique avait commencé avec «We are family» (Nous sommes une famille), dans l'ombre rassurante des Sister Sledge. C'était le dimanche 7 décembre, Carmen n'était qu'une candidate parmi les 12 filles et les 12 garçons qui s'agitaient sur scène. On la trouvait un rien trop enveloppée pour l'imaginer quelques mois plus tard, figurant parmi les finalistes. C'était sans compter le pouvoir du public, celui qui décide tout, à MusicStar.
Samedi, la der des der se finira sur la mélodie de «Ewigi Liebi» (Vie éternelle) du groupe bernois Mash, chanté par Carmen Fenk. Le texte sera de circonstance, il se termine par ces vers en Bärndüütch: «s'git käi Verlürär oder Gwünnär i dem Würfelspiiiiiiill» (Il n'y a ni perdant ni gagnant au jeu de dééééés!). Mercredi, Carmen a répété ce morceau également. Il paraît pourtant bien «cucul la pralinette» lorsqu'il est interprété par ses créateurs, mais, dans la bouche de Carmen, «Ewigi Liebi» devient une chanson tubesque, pulpeuse et séduisante.
«Carmen, c'est du pur wild power (pouvoir sauvage)», murmure Freda Goodlet. La prof de chant des candidats se sent très proche de la dernière femme de l'émission. «Carmen a énormément d'énergie, elle est très professionnelle, bouge bien et montre vraiment qu'elle s'amuse sur scène. Les finalistes constituent trois personnalités extrêmement différentes. Mario, le Grison, représente plutôt le garçon tranquille, timide et romantique. Piero, c'est le contraire, il a énormément de power, une voix forte et une énergie impressionnante. Ah, encore une chose, surtout, ne m'appelez pas «prof de chant», mais vocal coach. Je préfère.»
Carmen a des chances d'être choisie comme grande et première MusicStar de l'histoire. Selon un sondage de l'Aargauer Zeitung, si les votants étaient représentatifs de la population alémanique, c'est Carmen Fenk qui remporterait la palme, suivie de Piero et, loin derrière, de Mario. Seulement voilà, le vote se fait par appel téléphonique. Chaque appel coûte 70 centimes et chaque téléspectateur peut téléphoner autant de fois qu'il le désire. Dans ces conditions, c'est plutôt Piero, le très macho secondo-lover, qui gagnerait. L'électeur type est très jeune et habite dans la région de provenance du candidat. On appelle ça le «vote devant la porte» et certains, dont Yvo Sacchi, membre du jury et représentant de Universal Music, se sont inquiétés de ce vote plus émotionnel que qualitatif. L'affaire surtout rapporte 100 000 francs lors de chaque émission à SFDRS et a réussi à provoquer le début d'une pré-enquête de l'Office fédéral de la communication concernant la légalité du procédé.
On ne sait pas encore si le lauréat ou la lauréate réussira dés dimanche à percer dans le monde impitoyable du show business. Ce que l'on sait, c'est que chacun aura réussi au moins à mobiliser sa région. Sevelen, à la frontière liechtensteinoise, juste en face de Vaduz, est carrément pris d'une très forte «Carmen Fever». C'est là qu'elle habite, dans la maison familiale, avec ses parents. C'est à côté, à Busch, qu'elle travaille comme animatrice de radio locale. «Je n'ai plus beaucoup de temps pour la radio, car je m'occupe d'animer un groupe de jeunes, à l'Eglise». Enfin, la jeune fille a laissé son téléphone portable pour parler quelques instants aux visiteurs! L'Eglise: voici peut-être ce qui différencie le MusicStar alémanique des autres émissions du genre. Les trois derniers candidats se disent très croyants, prônent la morale et, dans le cas de Piero, défendent la structure traditionnelle de la famille. Carmen, membre d'une église évangélique, se montre quant à elle très active lorsqu'il s'agit de diffuser la Bonne Parole. Elle l'est du coup bien moins lorsqu'il s'agit de courir les garçons. Pudiquement, le Blick la désignait la semaine dernière comme jeune fille «ungeküsst», c'est-à-dire pas encore embrassée. Rien avant le mariage donc, si ce n'est la gloire, même le temps d'un quart d'heure.