- Mais intéresser les spectateurs aux situations vécues par leurs ancêtres, vous ne trouvez pas cela légitime? - C’est tout à fait légitime. Mais la politique du Réduit faisait partie d’une stratégie de défense qu’il faut considérer dans son ensemble. En se concentrant sur le Réduit, on encourage avant tout une vision régressive qui a déjà fait naître un mythe. J’estime donc que c’est un non-sens de la raviver surtout avec des personnes qui imaginent qu’en quittant leur proches durant trois semaines, elles revivent les émotions de leurs ancêtres.
- Les précédentes expériences de Living History ont eu un fort succès. Cela aussi, vous le critiquez? - Les épisodes précédents n’entraient pas dans un contexte militaire. On y abordait la préhistoire ou des dimensions de la vie de tous les jours. J’ai l’impression que la télévision s’est retrouvée face à des bunkers vide et a imaginé une mise en scène. Aujourd’hui, il devient toujours plus difficile pour les jeunes d’avoir une image correcte de la Suisse, par exemple à la frontière durant la Guerre. Là, c’est à nouveau l’aspect militaire et avec lui la guerre elle-même qui se retrouve renforcé. La Suisse a survécu comme pays démocratique grâce à la libération de l’Europe continentale par les Alliés. Cet élément est à nouveau complètement ignoré par ce retour au Réduit.