Drôles de jobs (5/8)
En parallèle de son travail d’assistante des ventes, Camille Caudron a une autre casquette dans son entreprise: elle est chargée de veiller au bien-être des collaborateurs. Une activité encore peu répandue en Suisse

Toutes les vocations sont dans la nature. De la câlinothérapeute au verbicruciste, en passant par le gardien de château, ceux qui embrassent ces métiers insolites demeurent souvent dans l’ombre. Chaque semaine de l’été, «Le Temps» a choisi de les mettre en lumière.
Retrouvez tous les épisodes précédents
Camille Caudron est assistante des ventes. Mais depuis le mois de mars, elle a une autre casquette: son rôle consiste à améliorer le bien-être des collaborateurs de son entreprise. La jeune femme assume cette mission au sein de NTT Ltd. Suisse, active dans l’informatique, et qui compte environ 80 employés à Crissier (VD). Responsable du bonheur en entreprise? «Quand on entend le nom français de Chief Happiness Officer (CHO), on se dit qu’on a beaucoup de responsabilité sur les épaules», sourit-elle.
Chez NTT Ltd., il existe depuis 2017 une organisation autonome, la Social Environment and Activity Team, dont la dizaine de membres organisent des activités pour les employés. Camille Caudron en est la présidente, et c’est donc elle qui officie comme CHO, une fonction développée dans la Silicon Valley dans les années 2000.
«Je m’éclate là-dedans. C’est le côté humain qui m’intéresse, car j’ai à cœur que les gens se sentent bien au travail», dit celle qui exerce cette activité sur une base volontaire et sans rémunération, grâce à un aménagement de ses horaires de travail.
«Créer des liens différents»
Pour endosser son nouveau rôle, Camille Caudron a suivi une formation de quatre jours, donnée par Happy at Work, société genevoise spécialisée dans le bien-être au travail. Un enseignement certifiant mais non professionnalisant. En Suisse, la fonction est très rarement exercée à temps plein et les «responsables du bonheur» occupent généralement un autre poste, souvent dans les ressources humaines.
Lire aussi: Le bonheur au travail quand le métier est rude
Une grande partie de l’activité du CHO chez NTT Ltd. consiste en l’organisation d’événements: repas canadiens, escape games, massages dans les locaux… «Cela permet de créer des liens différents, de voir l’humain derrière le collègue», estime Camille Caudron.
Du fun, mais pas seulement
Cet aspect «fun» associé à la fonction de Chief Happiness Officier fait parfois sourire. Est-ce vraiment suffisant pour se sentir bien au travail? «Il n’y a pas que le côté baby-foot, répond la trentenaire. Avoir un CHO, c’est se doter d’un espace pour pouvoir s’exprimer et être entendu.» Elle a donc mis en place une boîte à suggestions, promettant que chaque idée serait discutée.
Le soutien peut aussi prendre d’autres formes. «Des collègues viennent parfois se confier quand ça ne va pas. Mais si je sens qu’ils ont vraiment besoin d’une aide psychologique, ce qui va au-delà de mes compétences, je fais l’intermédiaire avec les ressources humaines.»
Une chronique: Le travail, bon pour notre santé?
Le coronavirus a freiné nombre de projets de la CHO, mais il a aussi suscité d’autres idées. Notamment des cafés virtuels, qui permettaient aux collaborateurs de s’exprimer sur leur ressenti et de se faire aider, mais aussi de participer à des jeux en ligne. Un exemple? Chaque employé transmet une photo d’enfance, et il s’agit de retrouver qui est qui.