Melchior de Muralt élève ses chevaux à la maison. Sa propriété compte une écurie, une carrière, quelques parcs et une longe automatique. Un collaborateur, Fred, gère la petite structure, qui abrite aussi les chevaux des ­voisins.

Ses débuts

«J’ai commencé à monter à 7 ans, avec mes parents. Mais je ne suis vraiment devenu mordu qu’à 12 ans. J’ai débuté les concours avec les chevaux d’un marchand, Pierre Hostettler, qui m’a tout appris. Après mes études, je suis parti un an travailler et débourrer de jeunes chevaux en Irlande grâce à lui. C’est là que j’ai réalisé que c’était plus agréable d’être un cavalier amateur.»

Son cheval

«Casablanca M. est née à la maison il y a trois ans. C’est une survivante, elle faisait partie d’un troupeau de poulains dont la moitié a péri dans un ravin à la montagne. Elle a un sacré caractère, mais regardez-la trotter, elle a de l’allure…»

Sa discipline

«Les concours de saut d’obstacles me passionnent, mais surtout avec les chevaux de mon élevage. J’en ai élevé 25. J’ai arrêté les concours pendant longtemps car, entre mon travail et mes cinq enfants, je n’avais plus le temps. Aujourd’hui, je monte deux fois par semaine, dont un jour du week-end, et je participe à un concours par mois environ. Ça me fait du bien parce que j’ai un métier stressant et mes soucis sortent par les jambes des chevaux. Je pense que j’arrêterai bientôt les concours, mais je ­continuerai toujours à monter. J’aime aussi voir naître un poulain et rêver à ce qu’il peut devenir, les exploits qu’il peut accomplir.»

Ça lui apporte

«Les concours donnent des leçons de modestie. Le cheval a toujours raison et il faut apprendre à déchiffrer son état d’esprit. L’équitation m’a appris à me mettre à la place des autres, ce qui est très important dans mon métier. Le pire ennemi du cavalier est l’ego. Je me rappelle d’une épreuve à laquelle j’ai participé avec ma jument Estocade: je rentrais d’un voyage en avion, j’étais fatigué et je me suis dit que je participais juste pour le plaisir, en essayant de faire le plus beau tracé possible. J’ai gagné l’épreuve. Si on s’oublie soi-même, le cheval donne tout… Cela dit, je ne gagne pas souvent!»

«J’aime vivre avec les chevaux, leur rendre visite le matin et le soir avant de dormir. C’est pour cela que j’ai cherché un domaine comme celui-ci. J’ai toujours aimé l’équitation de campagne avec les Dragons, Guides et Mitrailleurs. J’appréciais beaucoup les concours de l’époque, comme Tramelan. Ils ressemblaient à des fêtes de village et les dames du club de gym tenaient la cantine. Aujourd’hui, c’est plus professionnel et il y a énormément de cavaliers, c’est un peu l’usine… Je n’aime pas trop non plus le fait que certains dépensent des ­fortunes pour s’offrir des chevaux qui sautent 1 m 40. Cela dit, grâce à cette professionnalisation, l’équitation a beaucoup gagné en finesse et en technique.»

Son modèle

«J’ai été passionné par Jean d’Orgeix, avec qui j’ai suivi un stage, mais mon modèle actuel est le cavalier néerlandais Albert Voorn. Il a la même équitation que Jean d’Orgeix, toute en légèreté.»

C’est cher, l’équitation?

«Oui, l’équitation reste un luxe. Quand on élève des chevaux, on ne compte pas.»