Des conseils pratiques pour s’entraider et «faire société»
Pandémie
Tour d’horizon des initiatives citoyennes et solidaires pour s’entraider durant cette période rythmée par le coronavirus

Une société plus lente, certes, mais plus solidaire. Voilà ce qu’a appelé de ses vœux le Conseil fédéral lors de ses dernières prises de parole. Restrictions de déplacements, risques de contamination: pour épargner les plus vulnérables, les gestes fleurissent sur la Toile et les paliers des immeubles.
Sortir le chien de son voisin malade, faire les courses pour une personne âgée ou encore donner un cours d’appui via Skype à des enfants en difficulté: les réseaux sociaux regorgent de bonnes idées de solidarité. Florilège de celles à reproduire – dans le respect des consignes de sécurité qui évoluent tous les jours.
Rejoindre un groupe Facebook:
Le groupe «Coronavirus entraide Genève et régions» compte pour l’instant plus de 7000 membres, celui de Lausanne plus de 3000 et Nyon n’est pas en reste… Un utilisateur propose de transmettre le numéro de téléphone d’une conteuse: elle raconte des histoires par téléphone aux enfants. Un autre propose de donner des cours d’allemand par Skype, une assistante de direction relit les CV en dehors de ses heures de télétravail... Une utilisatrice relaie l'appel lancé par la Plateforme des associations d'aînés de Genève pour lutter contre l'isolement des personnes âgées: «Nous devons trouver tous les moyens pour être solidaires avec les personnes à risque d'isolement et souffrant de solitude, les atteindre et leur transmettre aussi des messages encourageants et rassurants face aux informations inévitablement anxiogènes.» Pro Senectute prend aussi des mesures pour soutenir les seniors et coordonne des chaînes téléphoniques pour que les aînés puissent garder contact.
Un autre appel a été largement diffusé sur les réseaux sociaux: celui d'applaudir depuis son balcon tous les soirs à 21h les soignants, les personnels de nettoyage et des magasins pour les remercier de leur travail. Sur Twitter, une utilisatrice appelle à la solidarité financière envers les indépendants: «Vos finances ne sont pas affectées par la crise sanitaire? Pensez à vos fournisseurs de service réguliers: coiffeur, esthéticienne, ostéopathe... vous aviez rendez-vous? Réglez-le, en geste de solidarité. Ça ne change rien pour vous, pour elles et eux oui...»
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Olga Baranova, fondatrice du groupe Facebook lausannois, souligne que «le besoin de solidarité s’est vite imposé». «Devant cet enthousiasme, on rappelle toutefois quotidiennement les consignes de sécurité: il faut avoir le moins de contacts directs possible. Parfois c’est impossible, comme lorsqu’on vient chercher les sous des personnes âgées pour les courses ou pour le baby-sitting; pour l’instant, mieux vaut prendre toutes les précautions et aider les gens dans le besoin que de ne rien faire. Nous restons très attentifs à l’évolution quotidienne des consignes de l’OFSP.
S’informer via une plateforme de coordination:
Pour suivre les consignes de sécurité, la plateforme Hilf Jetzt met régulièrement à jour des ressources destinées aux personnes bénévoles. Pour cela, elle s’est tournée vers un groupe de médecins, a demandé conseil à Marcel Salathé, professeur au laboratoire d’épidémiologie numérique de l’EPFL, et a rassemblé les consignes de l’OFSP: «Pour le shopping, on conseille d’éviter les interactions pour réduire les risques de transmission. C’est-à-dire laisser les sacs à l’extérieur, nettoyer avec du désinfectant ce que l’on a touché, comme les anses des sacs, et si possible payer par internet. Sinon, laisser l’argent dans une enveloppe à l’extérieur. Surtout, il faut suivre les recommandations de l’OFSP», explique Alessandro Iacono, porte-parole de l’organisation. Sur le site internet, on peut facilement trouver les groupes proches de son domicile grâce à une carte interactive de la Suisse. Pour l’instant, 477 groupes locaux sont inscrits sur la plateforme.
Le site Yoopies met la main à la patte pour assurer la garde d’enfants du personnel hospitalier. Chacun peut facilement indiquer ses disponibilités de baby-sitting et proposer un tarif. Yoopies a désormais étendu l'appel aux bénévoles à d'autres activités, comme le soutien scolaire et l'aide aux personnes âgées et dépendantes.
S’inscrire sur une application:
La Croix-Rouge a mis en place une application nommée Five up. Le but: mettre facilement en relation des personnes ayant besoin d’aide et des personnes pouvant aider. Par exemple, à Genève ou à Bulle, deux utilisatrices proposent de faire les courses alimentaires ou médicamenteuses. Il suffit de s’inscrire sur l’application et de cliquer «je suis intéressé-e» pour entrer en relation.
Dans une démarche similaire, Julien Rilliet a créé l’application Vevey Solidaire en open source; elle peut ainsi être utilisée pour d’autres villes. Il a mis à disposition ici la marche à suivre pour reproduire l’application.
Coller des lettres dans les allées:
Tout le monde n’est pas à l’aise avec un smartphone. Une lettre pré-écrite est disponible en téléchargement sur le site Solidarity Now, lancé par les Jeunes socialistes. Il suffit de noter à la main ses coordonnées en bas de la lettre et de la coller à l’entrée de son immeuble ou encore dans l’ascenseur.
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Yusuf, 33 ans, a lancé l’idée avec des amis. «Je viens de Meyrin, je voulais aider les personnes vulnérables. On a inscrit nos disponibilités et on a mis nos numéros de téléphone à disposition.» Désormais, il collabore avec la Migros VOI de Meyrin et l’épicerie autogérée La Mini-Fève. Bientôt, la commune se joindra au processus. Masque sur la bouche et gants aux mains, un membre récupère la commande écrite sur un bout de papier. Si les appels sont nombreux, la Migros VOI de Meyrin prépare les commandes. Elle a déjà mis en place une plage horaire spécifique pour les personnes âgées, tous les jours de 20 à 21h.
Plusieurs groupes de scouts organisent aussi des livraisons à domicile. C’est le cas de ceux de Nyon, de Veyrier et du groupe Benoît de Pontverre qui couvre Bernex, Confignon, Perly-Certoux et Plan-les-Ouates.
Si vous avez besoin d’idées pour créer votre lettre d’entraide, le site internet Anousdejouer.ch en propose plusieurs exemples. Il recense aussi les groupes de messagerie d’entraide sur WhatsApp et Telegram.
Là, on s’organise pour envoyer des lettres aux EMS pour que les soignants puissent les afficher ou on rassemble des berceuses, contes et comptines pour que chacun puisse les écouter chez soi. De gestes simples aux chansonnettes, la créativité est mise au profit de la solidarité.