Le dada des cavaliers romands
loisir
A l’occasion du Concours hippique international de Genève, qui démarre jeudi, tour d’horizon de l’équitation, une passion qui contamine un nombre croissant de bipèdes

Ils sont partout. Leur fumet parfume les villages, leurs crottins tapissent les routes et leurs sabots résonnent sur les chemins du pays. Les chevaux nous envahissent. Gras poneys poilus ou prétentieux pur-sang, ils se multiplient en Suisse, squattant la moindre parcelle agricole.
110 000 équidés peupleraient aujourd’hui notre territoire, contre un peu plus de 90 000 il y a cinq ans. Le pays compte environ 10,3 chevaux par km2 de surface agricole utile, contre 7,1 en Allemagne et 3,4 en France. Mais même dans ces grandes nations de l’élevage, davantage touchées par la crise, le nombre d’équidés continue d’augmenter.
Qui sont ces nouveaux arrivants? Ce sont surtout des poneys et des petits chevaux, destinés au loisir. Les modèles réduits ne représentent encore qu’un tiers des équidés, mais ce sont ceux qui progressent le plus rapidement. D’un caractère plus doux, ils sont aussi meilleur marché et plus faciles d’entretien que les demi-sang.
Une étude menée en Suède en 2009 montre que le nombre de chevaux par habitant est corrélé au niveau de vie et d’étude de la population. Parce qu’il s’agit d’un sport plus coûteux que le football, sans doute, mais aussi parce que la discipline est associée à une certaine qualité de vie. On monte à cheval pour se rapprocher de la nature, prendre du temps pour soi et pour soigner l’animal. Aujourd’hui, les cavaliers ne sont plus des nantis mais proviennent d’une frange très large de la population.
Le cliché du riche et arrogant cavalier qui part sauter des barres avec son immaculée culotte d’équitation persiste, mais il est loin de la réalité. La grande majorité des cavaliers suisses ne sort pas en compétition mais se concentre sur la promenade et quelques cours en manège. Le nombre d’amateurs de balades augmente, tandis que celui des cravaches de concours reste relativement stable. Un cheval étant en moyenne utilisé par trois cavaliers, on peut estimer que la Suisse compte un peu plus de 300 000 amateurs. Seuls 21 000 d’entre eux possèdent une licence ou un brevet actif qui permet de participer à des compétitions.
La plus grande richesse de l’équitation est sans doute le contact avec l’animal. Le cheval est devenu un véritable animal de compagnie, auquel les demoiselles se plaisent à offrir des bandages colorés et de jolies couvertures. Car les Dragons, Guides et Mitrailleurs, ces solides paysans vaudois formés à l’armée, ont été remplacés par une horde de cavalières. L’équitation est aujourd’hui, dans tous les pays développés, une affaire de femmes et de jeunes filles. Près de 80% des cavaliers sont des amazones qui recherchent avant tout à développer une relation de qualité avec leur monture. Les chuchoteurs et autres éthologues arrivent à leur chevet pour leur permettre de tisser une relation respectueuse et douce avec leur compagnon.
Mais surtout, le cavalier est multiple. Aussi diversifié que le nombre d’activités auxquelles se prêtent de bonne grâce les chevaux. Débardage, attelage, dressage, concours complet, pony games, équithérapie, randonnée, voltige, il y en a pour tous les goûts. Portrait de trois amateurs romands, qui ne conçoivent pas la vie sans un cheval à leur côté.
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Gustave Flaubert
«Voyage en Orient»
«Je jouis du plaisir d’être seul, d’aller au galop, à cheval, en plein soleil»