Le sang circule partout dans notre corps, mais les veines et les artères se situent à des endroits bien précis
Damien Evéquoz, sourcier
Damien Evéquoz découvre la sourcellerie en 2005, alors qu’il donne une conférence sur les pierres mégalithiques. Il y rencontre Roger Gaillard, sourcier à la retraite. L’homme lui apprend à écouter son corps, à affiner sa sensibilité. «Lorsqu’on comprend que ce qui est invisible est beaucoup plus important que ce que l’on voit, un terrain de jeu immense s’ouvre à nous», souffle Damien Evéquoz.
Comme des «antennes»
A la tête de l’Ecole suisse de géobiologie et sourcellerie qu’il a fondée en 2008, il détaille sa méthode qui «n’a rien de celle d’un charlatan». Ses baguettes en bois de coudrier en «Y» positionnées à la hauteur du plexus, Damien Evéquoz fend le pré d’un pas lent. Elles s’écartent progressivement puis se baissent. Le bois de coudrier a la propriété de rester souple même lorsqu’il est sec. «Quand on passe au-dessus d’une rivière souterraine, on ressent quelque chose au niveau du ventre, des tripes, un peu comme un malaise, une oppression, détaille Damien Evéquoz. Plus le débit est fort, plus on se sent tiré en arrière, la baguette plie très rapidement.» Comme des «antennes», les baguettes amplifient les sensations. Une fois le point identifié, le sourcier réitère l’exercice avec des baguettes de métal, aussi efficaces mais moins fatigantes, pour définir l’orientation de la source.
Pour déterminer le sens d’écoulement, une seule tige de métal suffit. La profondeur, 6 ou 7 mètres parfois davantage, est obtenue grâce à la radiesthésie: pendule en main, le sourcier compte mentalement jusqu’à ce que le mouvement du pendule change. La manœuvre dure en moyenne 1 à 2 heures et s’achève par un sentiment d’épuisement, une fatigue intérieure complète. Son secret pour se régénérer? Une longue marche en montagne ou une bonne bière brune. Les ingénieurs, sans qui il ne pourrait pas travailler, entrent alors en jeu pour procéder au forage.
«Veines et artères»
Ce savoir, Damien Evéquoz le transmet à ses élèves: étudiants, ingénieurs ou physiciens. Un an de formation, par petit groupe de cinq personnes. Au cours de ses explications, l’anatomie humaine intervient souvent comme référentiel. «Le parallèle est réel, estime-t-il. Le sang circule partout dans notre corps, mais les veines et les artères se situent à des endroits bien précis.»
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L’or bleu se raréfie. Les besoins, eux, augmentent. «Aujourd’hui, on connaît le prix de l’eau au mètre cube, mais on ne réalise pas sa valeur», estime Damien Evéquoz. Lorsqu’on lui demande de chercher de l’eau pour des canons à neige, il fait la grimace. Lui qui ne boit jamais d’eau en bouteille, conscient du désastre écologique et social qu’engendre ce juteux commerce.
Après la fonte des neiges
Homme d’extérieur, le sourcier est à la merci des conditions climatiques. En hiver, la neige fraîche crée un manteau isolant qui rend l’eau indétectable. Lorsqu’il pleut, la baguette mouillée se dérobe «comme une savonnette». La période idéale? Quand la fonte des neiges est terminée, autour de fin juin, pour trouver des sources pérennes.
Outre la quête de l’eau, Damien Evéquoz peut être engagé pour déceler l’état de «bien-être ou de mal-être» d’un habitat. «Les mauvaises ondes ne sont presque jamais dues à des rivières, précise-t-il, mais plutôt aux anciens champs de bataille ou aux failles géologiques.»
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Dans sa poche, une petite fiole contenant une eau de source provenant d’un lac en Valais ne le quitte jamais. «Même sans pasteurisation, cette eau ne vieillit jamais, souffle-t-il. J’en verse quelques gouttes en offrande sur la terre au lever du soleil, surtout quand je vais soigner des lieux, pour éloigner les mauvaises vibrations.»