Harcèlement sexuel, une omerta policière
Dans les cantons de Genève et de Vaud, des policières témoignent du harcèlement sexuel qu’elles subissent et de la difficulté d’être entendues dans un monde encore très masculin. A Lausanne, où deux procédures administratives sont ouvertes, on s’interroge sur la façon de briser ce silence
Elle a le regard fuyant, Camille*, lorsqu’elle s’attable à une terrasse au bord du Léman pour nous parler. La jeune policière sort peu de chez elle. Et puis, conter le harcèlement sexuel que ses collègues lui ont fait endurer, c’est un peu le revivre. Insomnies, crises d’angoisse, vomissements avant de se rendre au poste. A tel point qu’aujourd’hui, elle n’ose pas remettre un pied dans la ville où elle a servi. Les tensions filtrent dans sa posture alerte, ses épaules recroquevillées, ses doigts courant d’un bout à l’autre de son verre d’eau. Chaque mot est soupesé. «La femme en moi n’existait plus. Et je ne voulais plus l’être, parce que je n’étais plus qu’un corps à disposition.»
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