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@payetonUNIL, un florilège de témoignages sexistes et discriminants

Un récent compte Instagram dénonce les propos et agissements sexistes à l’Université de Lausanne. Son créateur, un collectif étudiant, s’exaspère de devoir en arriver là pour mettre l’institution face à ses responsabilités. De son côté, cette dernière estime déjà faire le nécessaire et rappelle l’ensemble des dispositifs existants

Des étudiants attendent dans le froid avant de pouvoir entrer dans la bibliothèque de l’Université de Lausanne afin de réviser pour les examens, le mardi 12 janvier 2021. — © KEYSTONE/Jean-Christophe Bott
Des étudiants attendent dans le froid avant de pouvoir entrer dans la bibliothèque de l’Université de Lausanne afin de réviser pour les examens, le mardi 12 janvier 2021. — © KEYSTONE/Jean-Christophe Bott

Une main sur les fesses, les deux sur les seins, des regards insistants sur des décolletés, ou encore un classement improvisé de l’attractivité des collègues. Voici quelques-uns des témoignages publiés sur le compte Instagram @payetonUNIL. En seulement quarante-huit heures, il a rassemblé plus de 1200 abonnés et a partagé une vingtaine de posts anonymisés et traduits en anglais pour «visibiliser et condamner la culture sexiste et toutes les discriminations et violences liées à l’orientation sexuelle et aux identités de genre à l’Université de Lausanne».

De l’écoute aux gestes

Après les mouvements #Metoo et #BalanceTonPorc, les réseaux sociaux sont devenus des outils essentiels pour dénoncer les abus, discriminations et violences de notre époque. Cette libération de la parole s’infiltre dans le monde universitaire romand. Dans la droite lignée de @payetonEPFL lancé en décembre 2020, @payetonUNIL ouvre son compte à toutes les victimes de sexismes et de violences sexistes ou discriminantes.

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L’Unil dispose pourtant d’un Bureau de l’égalité et d’une commission consultative spécialisée sur ces thématiques. «Nous invitons toutes personnes témoins ou victimes, à venir nous voir et leur offrons une écoute bienveillante», déclare Carine Carvalho, cheffe du Bureau de l’égalité. Cynthia Illi, membre du collectif de la grève féministe, rétorque: «Le temps de l’écoute est passé, place à celui de l’action et des sanctions pour que chacune et chacun puisse se sentir en sécurité.» Les membres ont formulé une série de revendications lors de la grève des femmes de 2019. Ils les réitèrent.

L’obligation de déconstruire

L’Unil rappelle que des dispositifs ont été déployés pour sensibiliser cadres, professeurs, personnels et étudiants. Parmi eux, des ateliers sur les stéréotypes et l’écriture inclusive, des conférences sur le harcèlement dans le monde de la recherche, des vidéos explicatives, des ressources sur l’égalité des chances et l’accès à une formation en ligne sur les règles de conduite à adopter. Mais s’ils sont ouverts à tous et toutes, ils reposent sur le volontariat. Le collectif revendique donc la mise en place d’une formation obligatoire pour l’ensemble de la communauté, soit presque 20 000 personnes. «Il n’y a jamais eu de cours obligatoire», répond Carine Carvalho.

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Une autre revendication est «la prise systématique de sanctions disciplinaires dans les cas de harcèlement ou de violences commis entre étudiant.e.s ou à leur encontre, que les faits aient lieu sur le campus ou à l’extérieur». Qu’en est-il des violences commises entre étudiants, d’autant plus qu’avec le télétravail ces actes n’ont plus lieu sur le campus? «La réflexion a déjà été menée sur ce point», affirme-t-elle, et édictée dans la directive 0.4 de 2019. Depuis 2016, 25 cas ont été suivis d’une enquête indépendante, neuf relevaient du harcèlement sexuel, une seule a entraîné une sanction.