Pour se défendre, les femmes doivent réveiller la lionne qui sommeille en elles
Survie
Face à un agresseur plus grand et plus lourd, une femme peut facilement riposter si elle convoque sa sauvagerie originelle. Précis d’autodéfense radical par Martial Vout, ex-garde du corps

Chaque début de semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel. Sujets précédents:
Sauvage! C’est cette force primaire, originelle et logée dans notre cerveau reptilien que Martial Vout souhaite réveiller pour apprendre aux femmes à se défendre. A l’extérieur, mais aussi chez elles, puisque, rappelle l’ancien garde du corps, dans trois cas sur quatre, ces femmes sont agressées par des proches. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire Autodéfense instinctive. Devenez votre propre garde du corps (Ed. Favre), car le formateur y invite les victimes à être aussi dures que ce qu’elles endurent.
Arrachage d’oreilles, broyage des testicules et crevaison des yeux s’il le faut: la méthode n’est pas basée sur des chorégraphies sophistiquées, mais sur des gestes simples, efficaces, qui neutralisent l’agresseur quels que soient sa taille et son poids. Se défendre n’est pas une question de force, insiste l’auteur, mais d’animalité. Il faut que les femmes osent être sauvages, «comme si on attaquait leurs petits», précise Martial Vout, qui reproche à notre humanité de s’être trop «éloignée de sa nature profonde, à force de soumission et de modernité».
Une femme n’est pas une victime née
En France, au cours de sa vie, une femme sur sept est agressée sexuellement. Idem en Suisse, où une femme sur cinq subit de la violence physique et sexuelle au moins une fois dans son existence. Le plus déprimant? Les auteurs de ces agressions sont aux trois quarts un partenaire ou un ex-partenaire… Ces chiffres, Martial Vout les cite presque à regret, car, pour lui, une femme n’est pas une victime née. Elle est puissante, dangereuse, absolument capable de parer les coups de son assaillant.
«Il est en général plus efficace de s’attaquer à la source d’un problème qu’à ses conséquences, mais comme la violence des hommes ne va pas décliner, car les frustrations sociales sont plutôt en augmentation, j’ai choisi de me focaliser sur le domaine où la marge de progression est phénoménale: la capacité des femmes à sauver leur peau. Seules. Comme l’ourse ou la louve. La formidable capacité du mammifère humain femelle au combat est une des choses les moins connues, les moins dites et les moins comprises sur cette planète.»
Société trop molle
Martial Vout semble très pédagogue dans ses cours individuels et collectifs. Il a aussi un côté Tarzan. A plusieurs reprises dans cet ouvrage, le moniteur dénonce le culte de la sécurité et du confort pratiqué en Occident et se moque de l’excès de raisonnement dans nos fonctionnements. Selon lui, nous misons tout sur notre néocortex, le siège de l’analyse et de la parole, au détriment de notre cerveau limbique, celui des émotions, et surtout, au mépris total de notre cerveau reptilien, celui de l’animalité et de l’instinct.
Le formateur, qui se rend chaque année en Inde pour enseigner sa méthode aux femmes et aux filles des bidonvilles, est catégorique: «Instinctivement, une femme sait se protéger et protéger sa progéniture. C’est écrit dans les lois de la nature.» Il suffit que les femmes, à qui on a répété depuis toutes petites qu’elles étaient fragiles et craintives, retrouvent la rage de vaincre propre aux femelles animales. «Face à un agresseur, pas besoin d’être musclée, grande et lourde. Pas besoin d’être endurante, jeune et souple. L’ingrédient principal de votre survie est de devenir pire que votre agresseur. Plus chargée, plus déterminée, plus haineuse. La personne qui survit est celle qui devient sauvage, ose blesser et donne des coups efficaces et réalistes.»
Démonstration détaillée
Ces coups qui font mal, Martial Vout les explique en détail. Il les montre aussi à travers des photos sur lesquelles on voit le formateur en compagnie de Sonia Grimm, chanteuse romande qui a elle-même été victime de violences conjugales. Tous deux miment des agressions et des parades pour y échapper. Ne jamais frapper avec le poing, mais avec le plat de la main, plus exactement le talon de la main. Le coup le plus facile à faire si l’agression est de gravité moyenne, genre tentative de baiser volé? Frapper sur le nez en piston, c’est-à-dire dans un rapide aller-retour. Ou sous le menton, de bas en haut, si l’on veut faire plus de dégâts, puisque cette frappe peut occasionner une morsure de la langue et des problèmes de dents.
Une autre parade, très efficace quand l’assaut est modéré: repousser l’importun des deux mains en piston sur sa poitrine en lançant à haute voix «non!», «arrête!», «stop!», «laisse-moi!». Ou encore lui donner un coup de pied sur le tibia. «Le coup de pied sur le tibia a l’avantage d’être inné, spontané, on le retrouve chez les enfants, contrairement aux prises plus sophistiquées des arts martiaux», développe le moniteur, qui précise que «tous les gestes doivent être effectués avec l’explosivité nerveuse de la bête». A laquelle on ajoutera «un cri puissant qui vient du fond des entrailles». Votre cœur bat plus vite? Tant mieux. La nature a voulu qu’en cas de danger le rythme cardiaque s’emballe.
La femelle animale totem
Lorsque les assauts sont de gravité extrême – projections contre le mur, étranglements, tentatives de viol, etc. –, la riposte monte également d’un cran. C’est là que l’agressée peut déchirer une oreille ou les deux – les oreilles se déchirent très facilement, note le coach –, écraser les testicules, frapper le pénis vers le bas s’il est en érection ou, ultime recours, crever les yeux de son agresseur. L’ouvrage décline ainsi toutes les parades salvatrices. Lorsque la victime est couchée, assise à une table, assise dans une voiture ou encore face à une arme…
Vous lisez cela et vous vous dites: «OK, c’est bien joli, mais je n’ai rien de la lionne enragée, moi.» Au contraire, on a toutes cette colère en nous, soutient Martial Vout, mais elle dort au fond de notre cerveau reptilien. Pour la réveiller, le coach a imaginé des exercices de mise en condition. «Choisissez une femelle carnivore qui vous inspire. Imaginez qu’elle est dans la pièce où vous vous trouvez. Fixez-la dans les yeux. Faites-la s’avancer et sauter dans votre ventre. Puis faites-la ressortir. Puis faites-la entrer à nouveau. Désormais, elle sera là, tapie, et prête à bondir en cas de besoin.»
Le formateur invite aussi à visionner des documentaires animaliers et à observer le courage et la détermination des femelles au combat. Enfin, vous pouvez encore vous mettre debout, nue, «fixer vos mains reptiliennes aux doigts crispés et chargés de l’énergie de la bête» et vous souvenir que vous n’êtes ni votre prénom, ni votre travail, ni votre nationalité, ni votre état civil, mais «un mammifère humain femelle».
Vous souriez, ladies? Essayez et vous serez surprises. Dans la jungle, terrible jungle, la lionne veille ce soir…