Le Temps avait fait de l’égalité l’une de ses causes en 2018, il s’en voit aujourd’hui récompensé. Sur les quatre distinctions journalistiques décernées ce mercredi 16 septembre par la Conférence romande des bureaux de l’égalité et l’association DécadréE, trois sont remises à sa rédaction, la quatrième revenant au quotidien Le Courrier pour son travail sur la grève du 14 juin 2019.

Lire l'article lié: Violences sexistes: la presse romande peut faire mieux

  • Le prix Femmes et médias de la Conférence romande des bureaux de l’égalité récompense des journalistes qui cherchent à faire avancer le débat sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est décerné à Célia Héron, cheffe de la rubrique Société du Temps et responsable des podcasts, et Pascaline Sordet, journaliste indépendante, pour Raffut, un podcast qui déconstruit les clichés collant aux sportives par le biais de témoignages et d’interviews d’expert-es. Célia Héron a produit la série audio, Pascaline Sordet en a été l’instigatrice et la créatrice: «Je suis très contente qu’un travail de fond sur la question de l’égalité soit reconnu et très heureuse de voir qu’un format comme le podcast puisse apparaître sur le devant de la scène, car il est riche et permet d’explorer des sujets en profondeur […] Raffut est un projet hybride qui fait le pont entre deux mondes: il montre que le féminisme est important dans le sport, un milieu où les inégalités sont très importantes, et dit en même temps aux sportives que le féminisme les concerne.»

Les Prix DécadréE contre la culture du viol gratifient un-e journaliste et une rédaction pour leur traitement des violences sexistes.

  • Le prix individuel a été attribué à Sylvia Revello, journaliste de la rubrique Suisse, pour son article «Quand l’accouchement vire au cauchemar» paru le 28 mai 2019. Elle y aborde les violences obstétricales en Suisse romande. «Pour moi, ce prix est la reconnaissance d’une problématique qui était encore taboue il y a peu. La place était mince pour ces questions dans un milieu où la parole du médecin prime. C’est aussi une reconnaissance pour les femmes concernées, pour celles qui n’avaient même pas réalisé qu’elles auraient pu vivre leur accouchement différemment. Depuis, il y a eu une prise de conscience, il me semble, dans le milieu médical. En tant que journaliste, c’est une satisfaction de voir que la discussion s’est ouverte.»

Lire aussi:  Un cadran en bois et en métal pour mesurer la parité dans «Le Temps»

  • Le second prix va à l’ensemble de la rédaction du Temps «pour la qualité de ses articles, mais également pour le travail accompli au sein de la rédaction», puisque des formations ont été dispensées sur des thématiques liées à l’égalité et plus particulièrement aux violences sexistes. «C’est une grande fierté», réagit Stéphane Benoit-Godet, corédacteur en chef. «L’égalité fait partie des causes lancées en 2018 et nous avons donné beaucoup d’autonomie à nos équipes pour qu’elles développent des projets à ce sujet. Il y a eu des articles, des opérations spéciales, des podcasts mais aussi un travail sur nous-mêmes par le biais du paritomètre ou des ateliers. Deux ans après, on voit que cela a amené de nouvelles expressions journalistiques, une dynamique interne avec beaucoup de bienveillance… Même si nous ne sommes pas encore exemplaires car la rédaction en chef est en majorité masculine.»

Lire également: La culture du viol au nom de l’amour, un si long mariage

Pour aller plus loin: la charte de l'égalité des genres (PDF) adoptée en décembre 2019 et qui fixe le cap du Temps en la matière