Inceste, l’histoire d’un silence en fissuration
Violences
AbonnéLa parution d’un livre à la portée retentissante vient rappeler l’immense tabou qui pèse encore sur les violences sexuelles sur mineurs au sein des familles. En raison du silence imposé par les proches, mais aussi du déni inouï de la société. Qui est en train de changer

La scène se passe en 1999, dans une émission courue, sur une chaîne du service public français. La romancière Christine Angot est venue y parler de L’Inceste, livre dans lequel elle raconte les viols dont elle a été victime, à 14 ans, de la part de son père. Mais ce soir-là, dans Tout le monde en parle, pas question pour Thierry Ardisson de s’intéresser aux blessures ni aux mécanismes de l’inceste. D’emblée, il qualifie le livre de «racoleur», et raille durant vingt minutes suffocantes celle qui a parlé. Si habilement, même, que lorsqu’il lit un passage évoquant une fellation imposée par le père, tous les invités ricanent.