Tous les quinze jours, notre chroniqueuse jette un «coup d’oreille» à la vaste planète des podcasts francophones et vous conseille un épisode en lien avec l’actualité.

Les chroniques précédentes:

Je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas vraiment en quarantaine. Mon employeur m’a priée, comme la plupart de mes collègues, de privilégier le télétravail. La mesure aura fait un heureux: mon chat, que je ne peux pas amener dans l’open space.

Histoire de changer du sujet «virus», je vous propose une petite pause récréative, un vaccin contre l’ennui qui peut saisir l’esprit lorsqu’il est enfermé trop longtemps… Sous la douche, sur le canapé, sous la couette, en mijotant un petit plat, voici venus trois podcasts de fiction à propager, eux, sans modération.

Sur les traces d’un père disparu

Per comme personne: savant jeu de mots entre un prénom danois et le qualificatif paternel, cette série audio en six épisodes d’une dizaine de minutes fait partie de la cuvée 2019 d’Arte Radio. On y suit les péripéties de Nina Almberg, dont le père a disparu lorsqu’elle était enfant. De lui, elle ne connaît que quelques bribes d’une histoire fantasque – faite de multiples voyages et de vente de tapis – et quelques photos. Justement, un jour, son compagnon décide de retrouver les copains du présumé défunt dont les prénoms figurent au dos d’un cliché: bingo! Grâce à internet, un singulier ornithologue va dévoiler un peu de la vie de ce mystérieux Per, et convaincre Nina de poursuivre ses recherches qui la mèneront de surprise en surprise…

53 minutes de folie

La brebis galeuse: avis aux amateurs de longs formats, ce retentissant podcast de 53 minutes vaut son pesant d’écouteurs. Adapté d’une pièce italienne par Guillaume Abgrall et Chiara Todaro, la brebis en question prend corps à travers la voix de Nicola, interné dans un asile psychiatrique depuis trente-cinq ans. Lui qui aime à rappeler sa naissance «dans les fabuleuses années 1960» tire le fil de sa propre histoire, mêlant instants réels et imaginaire loufoque, entre camarades magiciens, araignées mâchées comme preuves d’amour et grand-mère qui gobe des œufs frais. A bien écouter, peut-être jugerez-vous que la folie se situe moins à l’intérieur qu’en dehors des murs de l’institution… Ce récit audio a remporté de nombreuses distinctions, dont le Prix SACD de la fiction radio d’humour au festival Longueurs d’ondes, à Brest, en février dernier.

En toute intimité

Les chemins de désir : peut-être avez-vous connu vos premiers émois face à une photo dénudée au détour d’une page de magazine, voire d’une case de BD… Si les corps sur papier glacé sont encore disponibles dans les kiosques, désormais ce sont les plateformes de streaming telles que YouPorn qui mènent le bal de l’imagerie pornographique, voire de nouvelles narrations uniquement en format audio (tiens, tiens!). A travers six épisodes – si bien écrits qu’ils ont été déclinés en livre, édité au Seuil – la narratrice livre l’histoire intime de ses «chemins» de désir, de l’enfance à l’âge adulte, esquissant ainsi la frise chronologique des avancées technologiques (films, internet) qui ont permis (et continuent) de nourrir son imaginaire érotique. Une balade douce, souvent drôle, à écouter par petites tranches de 15 minutes environ.


«Per comme personne», Arte Radio. Disponible sur Apple Podcast, Spotify, SoundCloud. «La brebis galeuse», production La Tentative. Disponible sur Apple Podcast, SoundCloud, Spotify. «Les chemins de désir», Arte Radio.