Fleurs de malle au Musée de la mode d'Yverdon
Robes. Un an après avoir renouvelé son comité, le musée du Nord vaudois organise une exposition où des toilettes d'hier se faufilent judicieusement parmi des vêtements d'aujourd'hui
Un jour, tout un trousseau de jeune mariée est arrivé au Musée de la mode d'Yverdon, des sous-vêtements, de la lingerie, rien que de la soie qu'une élégante s'était commandée dans les années 1910 directement au Bon Marché, à Paris. Las, le mari de l'épouse fut muté au Caire. Et du linge de soie, par ces chaleurs égyptiennes, c'était impossible. La jeune mariée remisa donc ses dessous, une autre femme en hérita. D'héritage en legs, le trousseau tout entier, comme neuf, s'en vint atterrir sur le bureau du musée du Nord vaudois.
Des histoires comme ça, rarement aussi romantiques ni propres à chauffer les fantasmes, le Musée de la mode d'Yverdon en connaît régulièrement. Pour mettre en valeur ses stocks (3000 pièces, mais aucun vêtement de folklore), et parce qu'elle ne dispose pas de lieu permanent, l'institution met régulièrement sur pied des expositions. C'est le cas actuellement, avec «De modes en révolutions», à voir dans les locaux d'Y-Parc *.
Dans le hall ingrat de ce parc technologique, des mannequins ont été suspendus dans le vide. De leurs noires épaules dégringolent traînes opulentes ou volants frémissants. Surprise. Les robes ou les tenues sont contemporaines. Elles sortent des ateliers de quatre stylistes, dont le Suisse Michel Harcourt. Ici, entre deux robes noires de mousseline contemporaines, la main du conservateur Olivier Falconnier a glissé une robe ancienne. «Chaque vêtement est une fiction inachevée, une représentation du corps immatérielle», dit une légende. N'étaient la laideur fonctionnellement muette du décor et un système d'accrochage barbare, on resterait bien là de longs instants.
C'est la première fois que le Musée de la mode expose des vêtements d'aujourd'hui. Mais pas la dernière, promet la nouvelle direction, Madeleine Duvoisin (présidente) et Olivier Falconnier, styliste connu pour avoir naguère dirigé la maison de chapeaux Jean Barthet, à Paris.
* «De modes en révolutions», Yverdon, Y-Parc, sortie autoroute Yverdon Sud, jusqu'au 15 décembre, du lu au ve, 9 h-17 h.