Quelle est la force de la visualisation?

«Pour y répondre, il faut commencer par préciser que la visualisation dont on parle est différente de la pensée positive, qui nous donnerait le pouvoir magique de transformer la réalité. Je préfère parler d’imagerie mentale. En effet, nous avons tous beaucoup de souvenirs emmagasinés dans notre mémoire, sous forme d’images liées à une multitude de sensations: odeurs, sons, voix, couleurs… Certains de ces souvenirs sont associés à des moments harmonieux de bien-être, de tranquillité. Ils constituent de précieuses ressources qu’on peut apprendre à convoquer.

Dans beaucoup de pratiques, telles que la relaxation, la sophrologie ou la méditation, on associe une image agréable à la détente physique. En revivant en mémoire des scènes, un lieu, une atmosphère, voire des éléments précis, comme une musique particulière, des bruits de la nature, selon notre sens dominant, la détente s’approfondit. Il est tout à fait possible de convoquer soi-même toutes les sensations liées à un événement heureux de son histoire personnelle pour déconnecter le mental et se ressourcer en profondeur.

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Par ailleurs, avec l’entraînement, l’attention s’aiguise et permet d’apprécier encore mieux certains moments suspendus spontanés, en se rendant pleinement présent à l’écoute du chant d’un oiseau, à la délectation d’une odeur familière ou d’un aliment.

En ces temps de solitude et d’insécurité, ces images peuvent nous aider et nous rasséréner. On peut par exemple revisiter des moments chaleureux comme une douce soirée d’été dans une maison de vacances ou une fête de Noël réussie. Ce type de pratique nous invite à mobiliser nos ressources, nous aide à nous étonner et à nous émerveiller des choses qui nous entourent. Sans tomber dans l’extrême de l’optimisme à tout prix, elles ravivent en nous la beauté des expériences qui nous constituent. Elles nous font voyager sans quitter le canapé. Elles nous relient aux êtres aimés à travers la distance. Elles peuvent servir de substituts, en attendant les grandes retrouvailles, les grandes embrassades et la liberté de mouvement retrouvée.»

Clarisse Gardet, «Grandir avec ses émotions». Ed. Le Livre de Poche.

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