Le chef Nicolas Darnauguilhem fait briller le patrimoine culinaire alpin
Le festival parisien de la jeune cuisine a convié le talentueux Gruérien pour une édition engagée – où il sera question du lien à la terre, de végétal et de souveraineté alimentaire
Il s’est fondu dans le décor. Comme on entrerait dans un tableau pour y disparaître, faire corps avec le relief cotonneux des sommets, les parfums vanillés de la flouve, le foisonnement de la mousse et des fougères, le mufle tiède des vaches à la désalpe, les chalets découpés comme des guirlandes de papier… Dix-huit mois après avoir rouvert la mythique Pinte des Mossettes, sur les hauts de Cerniat, au lendemain de la pandémie, Nicolas Darnauguilhem s’est approprié le terroir opulent de la Gruyère.
Il a fait naître, à l’orée des 7000 mètres de terrain entourant l’ancienne ferme-auberge un jardin magique et un peu fou, en biodynamie, un univers incroyable. Ravagé par la grêle puis replanté, agrandi, bichonné, en résonance avec le décor sauvage où le jeune chef puise l’essentiel de son inspiration, de son menu versatile. Les courges d’hokkaïdo et autres géantes musquées ont pris leurs aises, au point de masquer tout le reste. L’agastache et le mélilot, le fenouil et la rhubarbe, le cumin des Alpes et la mauve. Un brasero-fumoir a surgi à côté, imposant, la terrasse a été redessinée à l’aide de rondins massifs d’essences locales, en toute sobriété.