C’est en dégustant des momos farcis aux légumes et au tofu, en compagnie d’une amie (co-initriatrice de l’événement), que dans la tête de Pamela Redaelli l’idée fait tilt. La sensation gustative provoquée par la subtilité de ce ravioli à la vapeur venu du Tibet (équivalent des gyozas japonais ou des raviolis chinois) est un instant gourmand dont elle va faire son «cheval de bataille»: comment arriver à faire comprendre aux gens que le fait de bien se nourrir n’est pas incompatible avec le végétarisme? Et que cette cuisine ne se résume pas à une simple salade verte ou à des légumes cuits à l’eau? La question sera le germe de la Veggie week.

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Méconnue du grand public, cette Genevoise d’origine suisse allemande et tchèque est en train de réussir son pari: désacraliser la tendance végétarienne en la proposant au plus grand nombre. Du 4 au 17 juin, en partenariat avec 12 restaurants gastronomiques, Pamela Redaelli emmène la cité vers sa deuxième quinzaine légumière.

De l’auberge au palace

A la Veggie, les prix vont de 36 à 120 francs. Les Genevois y découvriront une crème légère de petits pois à l’estragon, fraise et cresson sauvage, une raviole de chou-fleur et sa truffe d’été. Ou encore un millefeuille de côtes de bettes, champignons au quinoa, émulsion de curry vert et coco. Avec plus de 70 créations végétariennes intégrées aux cartes de mets traditionnels proposés par les auberges de village et les palaces, voilà que Genève se transforme en un éphémère paradis potager.

Beaucoup de monde mange végétarien quasiment quotidiennement sans même s’en rendre compte

Pamela Redaelli

«Une certaine forme de sécurité et de stabilité émane de cette ville, un confort rassurant. A l’époque, un voyage Erasmus me faisait plus peur qu’autre chose», explique la jeune femme qui vit entourée de ses proches et de ses amis sans jamais avoir éprouvé le besoin d’abandonner son cocon suisse. Elle quitte néanmoins sa famille à l’âge de 18 ans avec une seule idée en tête: travailler en indépendante. Dix ans et un long chemin à parcourir où elle passe dans un cabinet d’avocat et une société financière avant d’être engagée à la Fondation Martin Bodmer dont elle assure la communication pendant trois ans.

Elle rejoint ensuite l’équipe du Grand Prix d’horlogerie de Genève, d’abord au sein des relations avec la presse puis dans l'équipe d’organisation. Une corde de plus à son arc; elle apprend le métier. «J’ai toujours eu énormément de chance dans ma vie professionnelle car on m’a énormément fait confiance.» Dans les années 2010, la jeune entrepreneuse se lance. Elle a un seul mandat en poche, mais elle se remplit vite. Son agence PR & Co voit le jour en 2014. Réservée voire timide – un comble dans ce métier – Pamela ne démarche pas. «Je travaille principalement par le bouche-à-oreille. Je pars du principe qu’un client heureux va en parler autour de lui.» Son image, elle la préserve. Sa présence sur les réseaux sociaux, elle la limite. «Je ne publie rien de personnel mais sur le plan professionnel, si une société n’est pas visible sur les médias digitaux, elle perd une grande part de marché.»

Grande sensible

Et le végétarisme dans tout ça? Quand elle était petite, et pour ménager sa grande sensibilité, sa mère lui disait que les animaux que l’on mange ne sont pas les mêmes que ceux que l’on voit; ce qui ne l’a pas empêché de faire évoluer son alimentation tout au long de sa vie. Pamela se souvient des knedliky de son enfance, ce pain tchèque cuit à l’eau bouillante, coupé et recouvert de viande, de poisson ou de légumes en sauce, souvent teintée de notes aigres-douces. «Ce type de plat a façonné mon palais. C’est d’une certaine manière l’ADN de mon univers culinaire», révèle celle pour qui la consommation de viande n’a jamais été une fin en soi. «Cela m’a énormément préoccupée, jusqu’au jour où j’ai décidé d’arrêter. Pourtant ce n’est pas une question de goût, bien au contraire, mais plutôt de rester en accord avec mon ressenti vis-à-vis des animaux.»

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La Veggie Week que Pamela organise n’est pas un événement militant. Le succès de la première édition fut tel qu’elle-même ne s’attendait pas à un tel engouement. Son mot d’ordre? Rendre cette cuisine attractive et faire comprendre qu’elle est talentueuse, subtile, variée, gourmande et généreuse. «Cela prouve que l’approche est innovante, totalement dans l’ère du temps, que la clientèle adepte de cette cuisine existe bel et bien. Beaucoup de monde mange végétarien quasiment quotidiennement sans même s’en rendre compte. Il est intéressant pour tous de pouvoir découvrir une autre facette de cette culture culinaire, réalisée à cette occasion par de grands chefs en version gastronomique.» 


Veggie Week, du 4 au 17 juin à Genève, info sur Veggieweek.ch


Profil:

1984 Naissance à Genève.

2011 Devient pesco-végétarienne.

2015 Devient végétarienne.

2014 Création de son agence de communication PR & Co Sàrl.

2017 Première édition de la Veggie Week.

2018 Lancement d’une branche PR & Co dédiée à la gastronomie, PR & food.