Après une première édition en 2020, l’«exposition-festival» Dance First Think Later choisit à nouveau comme lieu central la salle Le Commun, à Genève, avec une exposition rythmée par des performances ponctuelles gratuites, ainsi que des projections aux Cinémas du Grütli et des spectacles au Pavillon de la danse de l’ADC.

Le nom de Dance First Think Later s’inspire d’un passage de la célébrissime pièce En attendant Godot. Si, dans le théâtre de l’absurde de Beckett, le langage ne sert qu’à combler le silence et à échapper à l’angoisse du vide, c’est le mouvement et le corps qui occupent le devant de la scène. Dance First Think Later le fait à sa manière, en invitant exclusivement des artistes transdisciplinaires. Nommée aux Prix suisses de la performance 2021 et plus jeune artiste de l’exposition, Lara Dâmaso navigue ainsi entre exposition et danse. Dans sa vidéo Echolocations, on la retrouve, mi-vestale mi-guerrière, aux sommets des montagnes qui agissent comme caisses de résonance pour sa voix.

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L’usage du corps

Dans l’installation de la Française Emilie Pitoiset, plasticienne et chorégraphe, figurent des photos d’archives des «marathons» de danse entrepris pendant la grande dépression aux Etats-Unis à la fin des années 1920. Des compétitions cruelles où les gens qui avaient tout perdu dansaient jusqu’à épuisement contre de l’argent ou au moins contre un repas gratuit. Parmi les éléments composant l’installation sur le mur on devine les mots «tonic dreams». «Un clin d’œil au culte moderne du corps, poussé à l’extrême par la chirurgie esthétique et par les influenceurs qui dédient leur vie à leur corps et à leur look, précise le commissaire Olivier Kaeser. Ainsi. l’artiste tisse un fil rouge à travers un siècle d’histoire à propos de l’usage du corps pour l’économie, situation tragique d’antan et l’absurde du libéralisme d’aujourd’hui.»

Autre pépite, le solo intimiste de Zuzana Kakalikova (29 et 30 septembre à 19h) rend hommage à la touchante œuvre photographique de Francesca Woodmann, disparue à l’âge de 22 ans en 1981. En partant de ses clichés noir et blanc jouant sur la mise en scène du corps, elle construit des tableaux vivants, autant des fragments pour approcher les stéréotypes féminins.


Dance First Think Later, jusqu’au 9 octobre. Salle Le Commun, bâtiment J, à la rue des Vieux-Grenadiers 10, Genève. Retrouvez tous les articles de la rubrique «Un jour, une idée».