Les glaciers? Désolé…
Dépits de papa (8/8)
Un glacier qui meurt en direct sous les yeux de nos enfants, ce ne serait pas l'occasion de leur montrer qu'on est en train de tout gâcher? Et qu'on compte sur eux pour nous en faire prendre enfin conscience?

Dans cette chronique, c’est vrai, on se moque d’eux. Mais c’est parce qu’on les aime comme personne, ces petits adultes en devenir.
Episodes précédents:
Dans l’une de ces huit chroniques d’été racontant les (més-)aventures d’un parent, j’ai distillé des pseudo-conseils pour survivre psychologiquement à une randonnée avec de jeunes enfants. L’idée m’est venue parce que, cet été plus que jamais, les Suisses sont allés découvrir leurs montagnes.
S’ils sont allés assez loin et assez haut, ils ont même pu montrer des glaciers à leur progéniture. C’est beau, les glaciers. C’est impressionnant et ça porte le poids de l’histoire du monde. Sauf que, en ce moment, c’est une vision un peu mortifère.
Leurs heures sont comptées. Ils grisonnent, ils fondent, ils souffrent. Nous qui avons tant de mal à matérialiser la menace faussement lointaine du réchauffement climatique, voilà un spectacle qui se joue en direct sous nos yeux. Cet été, un gigantesque bloc du glacier italien de Planpincieux a menacé de s’effondrer. Et pendant que tout le monde se concentrait sur lui, c’est celui de Tourtemagne, en Valais, qui a été coupé en deux.
Lire aussi, en 2019: Glaciers, la lente agonie
J’ai montré ces images à mes enfants. L’occasion de leur dire que les glaciers ont déjà fondu de moitié en cent cinquante ans. De leur expliquer que même si le réchauffement s’arrêtait aujourd’hui, ils perdraient encore la moitié de ce qu’il leur reste. Autrement dit, que l’on est allé trop loin, qu’on le sait depuis des décennies et que l’on n’a toujours pas pris les bonnes mesures pour protéger ces géants de glace dont la lente agonie provoque et provoquera inondations, éboulements et raréfaction des sources d’eau à notre disposition.
Dans une autre de ces chroniques, je racontais comment j’étais parvenu à m’extirper d’une situation dans laquelle j’étais pris à défaut par mes enfants. Pour cette question de la cigarette, j’avais remis le problème à plus tard avec une bonne dose de mauvaise foi. Mais pour les glaciers, je n’ai pas envie.
– Comment on fait pour les sauver?
– Il faudrait arrêter de polluer.
– Alors pourquoi on n’arrête pas?
– …
Un échange comme celui-ci, c’est encore plus persuasif qu’un glacier qui meurt en direct. Parole de papa.