Le Temps de l'éco
TAG Heuer du groupe LVMH a lancé lundi sur sol américain la Carrera Connected. L’horlogerie traditionnelle répond à l’attaque des montres connectées pour ne pas perdre sa clientèle plus jeune. Chronique

Cette semaine, l'empire a contre-attaqué. Ou plutôt l'horlogerie suisse - la première dans le luxe - a enfin apporté sa contribution au plus haut niveau dans le domaine des montres connectées. Apple qui tente d'occuper des millions de poignets dans le monde entier avec sa smartwatch devait s'attendre à la réplique d'une maison capable d'aligner les munitions pour faire face. Alors que l'on spéculait depuis des mois sur le fait que Swatch Group se lancerait dans la bataille avec Tissot, et une évolution marquante de sa T-Touch, c'est finalement TAG Heuer du groupe LVMH qui s'est profilé.
Jean-Claude Biver avait annoncé au printemps un partenariat inédit de la manufacture basée à La Chaux-de-Fonds avec Intel et Google. Il s'est concrétisé lundi avec le lancement sur sol américain, tout un symbole, de la Carrera Connected. L'évènement a connu un retentissement exceptionnel, avec plus de 950 millions de contacts établis via les médias, sociaux notamment. Et la montre s'échange déjà à 2500 dollars sur eBay, alors que les quelques magasins américains approvisionnés en début de semaine la proposaient à 1500 dollars.
C'est un investissement important pour TAG (on parle de plus de 30 millions de francs) mais surtout un véritable changement de paradigme pour l'horlogerie. "Horlogerie", c'est le mot qui fâche ceux qui ne voient dans la montre connectée qu'un "wearable", un gadget, n'ayant rien à voir avec les garde-temps traditionnels. Peu importe, au final. Les montres connectées n'ont certes pas grand chose à voir avec la technologie d'une belle mécanique. Mais elles séduisent un segment de clientèle plus jeune, avide de nouveautés, qui sera définitivement perdu pour les acteurs historiques s'ils ne proposent pas autre chose que des bêtes montres à quartz dans le domaine du luxe accessible.
L'autre rupture tient dans la disparition du "swiss made" sur la Carrera de TAG Heuer qui laisse place à la mention "swiss enginereed". Il est en effet impossible de construire cette dernière sans le microprocesseur d'Intel et le système d'exploitation Android de Google, les deux permettant que la montre soit véritablement connectée. Parce qu'une technologie n'est pas construite en Suisse fallait-il laisser le champ libre à Apple et autres Samsung avec leurs smartwatches? Jean-Claude Biver a apporté la parfaite réponse à cette question.