Le jeûne intermittent ou l'éloge du vide
alimentation
Sauter un repas plusieurs fois par semaine pour permettre au corps de se régénérer, c’est le principe de cette nouvelle approche de l'alimentation. Ses atouts en font l’une des plus prometteuses du moment

Faire le vide pour mieux se remplir d’énergie. Mais pas trop longtemps quand même. Juste quelques heures pour voir ce qui se passe dans son ventre… A la différence du jeûne classique qui vise la privation de nourriture pendant plusieurs jours, le jeûne partiel consiste à ne pas manger pendant un certain nombre d’heures afin de mettre son organisme au repos.
Pour que cela soit efficace, il faut éviter de s’alimenter pendant au moins seize heures, tout en continuant à s’hydrater avec de l’eau, du thé, des tisanes, voire du café, mais sans sucre. «On saute soit le repas du soir, en faisant une dernière collation vers 16h, soit le petit-déjeuner, ou alors on renonce à manger un jour complet par semaine, explique Olivia Charlet, micronutritionniste et naturopathe. L’idée est que chacun trouve la méthode et la fréquence qui lui correspondent en étant à l’écoute de son corps et de ses ressentis. Moi, par exemple, je ne prends plus de petit-déjeuner depuis quatre ans.»
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Facile à mettre en place, flexible et peu contraignant, il attire de plus en plus de gens curieux de mettre leur organisme au vert, mais qui ne sont pas prêts à agender une cure de jeûne en Suisse, en Inde ou ailleurs. Car les bienfaits de l’estomac vide sont désormais bien connus. Au même titre que le yoga ou la méditation pleine conscience, cet art de vivre millénaire se retrouve dans beaucoup de religions (Yom Kippour, carême, ramadan), d'enseignements et de mouvements spirituels ainsi que dans un très grand nombre de médecines traditionnelles du monde. Il serait aussi en phase avec la manière dont les êtres humains se sont nourris pendant des millénaires. Sans frigo et placards à portée de main, les chasseurs-cueilleurs partaient en quête de nourriture au réveil pour pouvoir se nourrir plus tard dans la matinée, autrement dit déjeuner, aux alentours de midi.
Purification de l’organisme
«De manière générale, on consomme beaucoup trop, que ce soit lors des repas ou à coups de grignotages, d’aliments plus du tout adaptés à notre génome et à notre microbiote actuel. Le concept des trois repas par jour ne constitue en rien une réponse à nos besoins physiologiques, c’est plutôt une norme sociale. Nos ancêtres alternaient des périodes nourricières durant lesquelles ils pouvaient stocker de l’énergie et des périodes de famine où ils utilisaient leurs réserves. Or, on stocke désormais en permanence des aliments raffinés, trop pauvres en fibres, qui ont tendance à stimuler l’insuline à l’origine de nombreux problèmes de santé.» Selon l’auteure de Mince et en bonne santé grâce au fasting, l’idéal est donc d’allier le jeûne intermittent avec des repas axés sur les bonnes graisses et qui limitent le sucre, le gluten et les produits laitiers. De nombreuses études scientifiques récentes soulignent les bénéfices de ce type d’alimentation appelé «cétogène» qui cartonne depuis quelques mois en librairie.
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Plus le jeûne intermittent est pratiqué régulièrement, soit au moins une fois par semaine, plus ses effets sur l’organisme sont puissants. Sur la liste de ses bienfaits, on trouve une perte de poids durable et efficace qui motive beaucoup de partisans découragés par les régimes. Mais aussi la purification de l’organisme. «Le jeûne active le processus d’autophagie. Les déchets accumulés dans l’organisme sont ainsi collectés et recyclés, ce qui permet d’éliminer les toxines, de réduire les inflammations et de mieux résister au stress», note Olivia Charlet. Cette pause alimentaire aurait aussi des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire, en faisant baisser la pression artérielle et la production de cholestérol. D’autres recherches suggèrent une augmentation du système immunitaire et de l’énergie vitale, de la concentration et des facultés cognitives. En bref, le jeûne augmenterait l’espérance de vie en rajeunissant les cellules et réduirait le risque de développer des pathologies chroniques telles que le cancer, les maladies neurodégénératives ou le diabète.
L’idée de prendre soin de son organisme en améliorant l’ensemble de ses fonctions est tentante. Surtout quand on y ajoute l’intérêt économique de ne pas avoir à prévoir tous les repas de la semaine. On a démarré en avril dernier, au rythme d’un à trois soirs par semaine. Jusqu’ici tout va bien.
Olivia Charlet et Alix Lefief-Delcourt «Ma Bible de l’alimentation cétogène», Ed. Leduc Pratique
Olivia Charlet et Alix Lefief-Delcourt, «Mince et en bonne santé grâce au fasting», Ed. Leduc Pratique