Sur cette photo prise par les employés de l’Aquashow Park, au Portugal, un garçon de 10 ans offre à l’objectif son air tendu par l’impatience. Il trépigne pour aller tester le «Snake», un toboggan vertigineux en pleine obscurité. A sa droite, son père grimace en raison du perroquet qu’on lui a collé sur l’avant-bras, pour la pose. La mère semble aussi déprimée que le volatile. Elle rêvait de lire Fred Vargas sur un transat, pas de jouer des coudes avec deux mille vacanciers en slip. C’était sans compter sur sa culpabilité parentale de s’être laissée dévorer par un travail chronophage le reste de l’année.

Le cliché traîne dans un tiroir. Souvenir d’une journée à dire: «Non, je n’ai pas l’énergie de faire le toboggan Kamikaze avec toi.» Et tant décevoir. A la plage aussi, le zèle de certains à ériger des œuvres de sable avec leur progéniture, et sautiller en tous sens, m’achève. C’est comme s’ils avaient pris des vacances avant leurs vacances en famille pour vibrionner. Personnellement, je peux enfreindre toutes les règles éducatives et laisser mon enfant jouer des heures sur un smartphone, pour souffler.

Quinze étés que ça dure…

L’été, saison de la liberté joyeuse? Dites ça à ceux qui partent en famille. Une amie s’apprête à retourner à Capri, chez belle-maman. Là où son homme de 55 ans perd toute virilité à ses yeux parce qu’il redevient le garçonnet d’une mère dirigiste. Quinze étés que ça dure. Une autre a loué avec son nouvel amoureux une maison à Collioure. Elle stresse; leurs deux enfants issus d’unions précédentes se détestent. Sans oublier cette amie qui ne peut pas organiser l’été de son fils et les enfants de son mari, avec son ex, l’ex de l’époux, et les rejetons de ces reconfigurations, sans que cela ne s’achève dans un bain de sang. Ce qui me rappelle assez les étés de mon enfance…

Finalement, j’aime bien la rentrée, les enfants retrouvent des éducateurs si dévoués.


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