• Addiction et dépendance
Il ne faut pas confondre addiction et dépendance. L'ingestion de drogue induit en effet plusieurs types d'accoutumance. La dépendance physique d'abord qui, si elle est interrompue, engendre un syndrome de sevrage. L'addiction, elle, a naguère été décrite comme une «dépendance psychique». Les anciens fumeurs qui pénètrent dans un lieu enfumé connaissent bien cette envie irrépressible de tirer sur une cigarette: c'est là la mémoire qui entre en jeu. Depuis des recherches publiées en 2001, les scientifiques savent que cette perte de contrôle progressive du comportement menant à une consommation compulsive en dépit de conséquences négatives, liée au contexte extérieur, a aussi une origine physiologique.
• Pas tous concernés
«Si la dépendance touche tout le monde, seule une fraction des consommateurs réguliers développera une addiction - ce taux est estimé à 20% chez les adeptes de la cocaïne. Cette différence de sensibilité interindividuelle à cette maladie neuronale interpelle les neurobiologistes: elle semble être le reflet de multiples interactions environnementales et génétiques», expliquent Christian Lüscher et Bénédicte Balland, neuroscientifiques à la Faculté de médecine de l'Université de Genève.
• L'addiction en Europe
«L'addiction touche 9 millions de personnes en Europe. Sa prise en charge revient environ à 55 milliards d'euros par an. L'addiction représente la troisième maladie du cerveau après les désordres affectifs ou anxieux et la migraine, selon les chiffres publiés en 2006 par l'European Brain Council; cette étude ne prend toutefois pas en compte les «accros» à la nicotine», détaillent les deux chercheurs.