Laurence Desarzens: «Le temps doit se ressentir de façon corporelle»
Ma montre et moi
Laurence Desarzens, directrice du site du Flon de l’HEMU dédié au jazz et aux musiques actuelles, n’a opté pour le port d’une montre que tout récemment. Elle nous livre sa réflexion sur le temps

Avec son parcours d’autodidacte, son indifférence au regard des autres, Laurence Desarzens est une directrice atypique pour une haute école de musique. Avant son accession à ce poste, elle a effectué une multitude de métiers différents. Manageuse des Young Gods à leurs débuts, programmatrice de différentes salles de concerts en Suisse romande et alémanique, marketing manager du département culture de Red Bull à Paris, elle a vécu aux quatre coins de l’Europe. Une vie au rythme de la musique, sans jamais porter une montre à son poignet.
Jusqu’à cet été où un ami de longue date lui offre une Swatch vs BAPE Bold Edition Tokyo. BAPE (nom complet: A Bathing Ape) est une marque de streetwear créée en 1993. La collection réalisée par le tandem compte donc 1993 exemplaires avec cinq designs différents associés à cinq villes emblématiques: Tokyo, London, Paris, New York et… Berne. «Cette collaboration entre une marque bien établie et un jeune designer m’a tout de suite plu. Nigo, le créateur de la marque, s’est beaucoup inspiré du monde du jeu japonais et de celui du hip-hop, deux cultures qui me plaisent énormément. Le design camouflage est aussi quelque chose que j’adore. Plus que sa connotation guerrière, le camouflage représente pour moi l’adéquation avec la nature, l’intégration.»
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Consciente que la musique «c’est l’art de la maîtrise du temps», Laurence Dezarsens est aussi une geek à ses heures perdues. L’arrivée d’internet lui a permis de conscientiser le fait que le temps n’est pas linéaire, qu’il y a «plusieurs temps». «Lorsqu’on est amoureux, lorsqu’on travaille, lorsqu’on voyage avec des amis ou – dans le cas des musiciens – lorsqu’on est sur scène, la temporalité est complètement différente.» Farouchement anti-objets connectés, Laurence Dezarsens n’est pas une adepte de la mesure du temps obsessionnelle. Elle porte sa Swatch comme un bijou urbain et moderne, à des moments clés, pour sortir et aime «ressentir le temps de façon corporelle», même si cela implique d’être parfois en retard et de se laisser guider par l’instant présent.