Laurent Tissot, historien du tourisme: «Le risque existe que les voyages deviennent un luxe de privilégiés»
Selon les sondages, une large proportion de Suisses pourraient passer leur été au pays. Entre crise économique et effet post-pandémie, l’historien du tourisme Laurent Tissot lance des pistes d’analyse et décrit les mouvements de fond qui bouleversent le secteur
Cet été, troquerez-vous les vagues pour les cimes, le pad thaï pour la raclette? Trois ans après des vacances à l’étranger gelées par le covid et malgré la réouverture des frontières, nombreux sont les Suisses qui devraient rester au pays durant leurs congés. Dans le récent Baromètre du voyage TCS, près de la moitié des personnes interrogées ne ressentent pas de grande envie de sortir du pays, tandis qu’une enquête de Suisse Tourisme avance que 43% des Helvètes prévoient de passer leurs vacances sur le territoire, contre 30% à l’étranger.
C’est moins qu’au cœur de la pandémie (65,7% des nuitées en juillet-août 2021) mais les niveaux resteront supérieurs à 2019 (42,7% des nuitées soit 9 074 102 au total) cette année, selon les prévisions de l’institut BAK Economics. Alors comment comprendre cette inclination au tourisme intérieur? Et comment le secteur se transforme-t-il au gré de la conjoncture et de mouvements de fond qui le veulent plus lent et plus respectueux de l’environnement? Nous avons interrogé Laurent Tissot, professeur émérite à l’Université de Neuchâtel et historien du tourisme.