«L’eau reste l’une des plus grandes énigmes de l’univers»
Symbolique
Symbole universel dans l’histoire des religions et la spiritualité, l’eau a bien d’autres missions que celle d’étancher la soif

Elle est partout. Dans la matrice qui crée la vie. Dans nos corps, à plus de 70%. Dans nos douches et nos bains quotidiens. Dans le paysage et les maisons. L’eau est partout depuis toujours. Mais cet immense réservoir est loin d’avoir été entièrement découvert.
«L’eau est considérée par la communauté scientifique comme étant au hit-parade des plus grandes énigmes de l’univers. Elle reste pour l’instant complètement incompréhensible dans ses caractéristiques physiques, physiologiques et subtiles», explique Jacques Collin, ingénieur et auteur français de L’eau, le miracle oublié, aux Editions Trédaniel.
Dans de nombreux récits de la Création, l’eau est un élément fondamental. «Elle est propice à désigner quelque chose qui précède l’être, ce sur quoi, par exemple, l’esprit de Dieu plane au début de la Genèse», analyse Philippe Borgeaud, helléniste et historien des religions suisse.
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Vie, et mort aussi
L’eau des origines revêt des significations diverses selon les lieux et les temps. «Dans l’Egypte ancienne, le Noun est considéré comme une puissance féconde et nourricière: c’est de là que tous les dieux émergent, comme le ferait une sorte d’embryon lumineux porté par les eaux.» Le mythe du plongeon cosmogonique est présent dans de nombreuses sociétés humaines, de l’Amérique à l’Asie. Il met lui aussi en avant l’existence primordiale des eaux. Au début des choses il y avait des êtres qui flottaient, soudain l’un d’eux plonge et rapporte une poignée de terre avec laquelle le monde se fait.
Selon Philippe Borgeaud, l’eau est un principe de vie, mais peut tout aussi bien devenir principe de destruction, avec les mythes du déluge que l’on trouve partout, de Papouasie-Nouvelle-Guinée en Amazonie et en Amérique du Nord, en passant par la Bible, les récits mésopotamiens et ceux de l’Inde ancienne. Dans la Bible hébraïque, avec l’Arche de Noé et l’Alliance, les eaux représentent une correction. On trouve ce motif d’une recréation ailleurs encore, notamment en Amérique centrale. Les eaux mortifères sont alors un passage vers le renouveau.
En Inde, le mythe de Manou, l’auteur des Lois, raconte comment, un jour qu’il se baignait dans la rivière, il trouva un minuscule poisson, Mataya, un avatar de Vishnou, qui supplia le sage de le protéger jusqu’à ce qu’il soit grand. Lors du déluge qui suivit, c’est ce même poisson relâché dans la mer qui sauva Manou embarqué. Avec l’exode de Moïse à travers la mer Rouge, l’eau devient une source de régénération qui annonce (dans la tradition chrétienne) le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain par Jean le Baptiste.
Fontaine miraculeuse
Sur le modèle de la guérison miraculeuse d’un paralytique par Jésus lors de l’épisode de la piscine de Bethsaïde, l’eau est très présente dans les pratiques chrétiennes: le bénitier à l’entrée des églises, le baptême, le prêtre qui se lave les mains après l’offertoire, l’eau mélangée au vin durant l’eucharistie, les sources miraculeuses de type Lourdes, l’eau bénite commercialisée en bouteille à l’effigie de Marie ou des saints. Cet usage de l’eau n’est pas propre à la tradition judéo-chrétienne. «L’eau a le pouvoir de purifier. Que ce soit les catholiques qui ont commis un péché ou des non-chrétiens qui ont transgressé un rituel, une coutume. Dans la Grèce antique, il était par exemple interdit de pénétrer dans un sanctuaire sans se purifier après l’acte d’amour, en s’arrêtant à la fontaine pour se laver», détaille le spécialiste des religions.
Au-delà de sa portée symbolique à travers l’histoire des religions, l’eau est depuis quelques décennies considérée autrement qu’une matière liquide inerte. Certains voient en elle une source de jouvence et de santé, pour autant qu’elle retrouve ses qualités les plus pures et soit bue en conscience. C’est en tout cas ce que suggèrent les découvertes de Masaru Emoto, un chercheur japonais, grand ponte de la médecine naturelle, qui travaille depuis près de trente ans sur une méthode d’observation des cristaux de l’eau qui démontre sa haute sensibilité. Il observe par exemple les différences de structure des cristaux d’eau en fonction de leur provenance ou de l’énergie qu’on leur porte. La plus pauvre étant l’eau publique, à cause du chlore qu’elle contient, des nombreux trajets qu’elle effectue et de sa stagnation.
Purifier, dynamiser et magnétiser
Pour les partisans de l’eau à haut potentiel, plusieurs techniques permettent de purifier, dynamiser et magnétiser l’eau, autrement dit de lui redonner les mêmes propriétés que celles des eaux de source à très basse profondeur. Ces eaux qui traversent des sous-sols rocheux aux champs magnétiques intenses sont plus facilement assimilées par l’organisme. Elles permettraient de diminuer toute une liste de maladies et problèmes de santé.
«L’eau porte l’essence de notre régénération physique et spirituelle, nous permettant ainsi de redevenir «maître de notre Royaume», abonde Jacques Collin. Comme un pont vers cette eau créatrice de toute chose, présente dans les mythes fondateurs des religions. Une eau, en tous les cas, encore source de bien des mystères.