Alain Plattet, 27 ans, Vaudois, secrétaire de l'association Ewam,
Alain Plattet, 27 ans, Vaudois, secrétaire de l'association Ewam, pratique le bouddhisme tibétain (nyingmapa). «Il y a plusieurs éléments qui expliquent le succès du dalaï-lama. D'abord, on ne peut nier qu'il y a, en Occident, un rapport fantasmé au Tibet et au bouddhisme. Nous vivons dans une société où il est difficile d'avoir du temps, de développer une conscience et une vie intérieure. Certains se tournent vers le bouddhisme avec des réflexes occidentaux, espérant des solutions rapides, ce qui tient du fast-food mystique. Ce n'est pas le bouddhisme, qui reste très mal connu. Tout comme la réalité du Tibet est mal connue. Mais il s'opère une projection sur cette culture, sur un territoire longtemps préservé. L'Occident conserve à l'esprit l'espoir, un peu flou, que les Tibétains sont les garants d'une vérité, de la sagesse perdue.»
«Le rayonnement du dalaï-lama réside aussi dans son extraordinaire habileté à transmettre et à vivre son enseignement. Le dalaï-lama incarne la compassion, la volonté de travailler pour les autres et d'arriver à un bonheur qui dure. Ne serait-ce qu'à un niveau intellectuel, il est celui qui a le plus de moyens, de connaissance pour permettre à quelqu'un de regarder vers son intérieur. Sa parole est très fine, très élevée. C'est de la grande musique, en même temps c'est accessible. C'est un modèle d'éloquence, au sens où le discours atteint naturellement celui qui écoute, même quand il s'adresse à des milliers de personnes dans un auditoire.»
«Le dalaï-lama est totalement au service des autres. Il n'y a pas un seul mouvement dans sa journée qui ne leur soit pas dédié. Il prie, il communique, il transmet et écoute. La tradition du bouddhisme tibétain n'a pas changé avec lui, mais l'expression de cette tradition a changé. Le dalaï-lama a beaucoup fait pour le dialogue avec la science,
il sait aussi se servir positivement des différences culturelles.
Et c'est un grand diplomate.»